Malgré les appels incessants pour reloger les habitants de La casbah qui courent des risques certains, les autorités continuent à se rejeter la balle, alors qu'un drame vient de se produire. Une vieille femme est décédée, en début d'après-midi de samedi, dans l'effondrement de sa maison située au n°5 Mustapha Djouab à la Casbah. Les planchers de la maison située dans une impasse de la Casbah ont cédé, tuant sur le coup la septuagénaire et blessant légèrement deux de ses petits-enfants. «Le bilan aurait pu être plus lourd si toute cette famille était réunie à cette heure de la journée. Heureusement que la belle-fille et deux de ses enfants, venus passer le congé avec leur grand-mère, étaient dehors. La vieille dame, qui habitait seule dans le rez-de-chaussée de cette bâtisse, n'a pas pu s'en sortir. Les deux enfants étaient coincés à l'intérieur. Ce sont les gens du quartier qui ont cassé la porte pour les faire sortir», raconte un jeune de la rue Médée, effrayé par le bruit provoqué par l'affaissement de construction, encombrée par les madriers placés par l'entreprise chargée de l'étaiement des îlots d'habitations. La Protection civile a transporté la malheureuse à l'hôpital Debaghine (ex-Maillot) de Bab El Oued. Elle a été enterrée hier au cimetière d'El Kettar. Selon des témoignages recueillis sur place, des travaux menés dans une maison mitoyenne auraient provoqué l'effondrement d'un pan d'un mur sur la terrasse de la douéra. «La terrasse de la construction, complètement fissurée, n'a pas supporté le choc. Les planchers sont tombés tel un château de cartes. La maison a été pourtant classée rouge. Mais cette femme continuait d'y vivre. Les autorités de la Culture ont réparé avec des ‘‘ficelles'' la maison d'à côté et avaient fait déjà de même avec la douéra effondrée. Le CTC l'avait classée rouge. Pourquoi s'empresse-t-on à réhabiliter des murs gondolés et à ne pas reloger les familles?», s'indigne un résidant de la rue Porte-Neuve, qui balaie de la main une partie du quartier où se sont regroupés des résidants : maison lépreuses étayées avec des madriers, placettes remplies d'ordures ménagères, ruelles encombrées par les gravats. Plusieurs douérate menacent ruine dans cette partie de la Casbah. Le nouveau P/APC de la Casbah est parti voir les familles et les riverains. «Le drame a été provoqué par des travaux menés à la hâte et sans la présence des techniciens. Le toit d'une bâtisse s'est effondré sur la maison de la malheureuse victime. Les autorités de la Culture responsables de ce secteur doivent mener avec professionnalisme les opérations de réhabilitation. Notre déléguée sur place s'est étonnée qu'on mette une chape de béton sur la terrasse. Le département de la culture doit également faire participer l'APC aux opérations. L'APC subit seule les drames alors qu'elle n'est pas responsable des murs», estime un élu. L'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés conteste cette version. «Une surélévation de l'époque française, de briques et de béton, s'est effondrée, sans l'intervention d'ouvriers. Elle a provoqué un trou dans la dalle», signale le directeur de l'Office, Abdelouahab Zekagh.