le 59e Festival de Cannes, qui se déroulera du 17 au 28 mai prochain, promet d'être riche. Et pour cause, il est question de nouveaux films de plusieurs grands réalisateurs, dont Gus Van Sant, Olivier Assayas, Joel Coen, Walter Salles et Wes Craven. Tous ont en effet réalisé un... court métrage dans le cadre de Paris, je t'aime, projet fou qui rassemble une vingtaine de cinéastes internationaux et qui sera projeté en ouverture de la section Un Certain regard. Une chose est sûre, le coup d'envoi de la 59e édition du Festival sera donné par le Da Vinci Code de Ron Howard, l'adaptation du best-seller de Dan Brown avec Tom Hanks et Audrey Tautou. Si on connaît le nom du résident du jury - Wong Kar Waï -, le reste de la sélection officielle (une vingtaine de films en compétition, presque autant hors compétition, sans même parler d'Un Certain Regard) ne sera dévoilé par les organisateurs que le 20 avril. Quels sont les films attendus ? Quels auteurs ont la cote sur la Riviera cannoise ? Si on attend du festival qu'il nous surprenne, on peut même tendre l'oreille aux nombreuses rumeurs qui s'avèrent être des espérances plus que des prévisions ! En Europe et aux USA... Une cinéaste américaine branchée, une starlette, un film d'époque et un tournage en France : Marie-Antoinette de Sofia Coppola avec Kirsten Dunst devrait bien faire partie du cru 2006. Il n'est pas totalement exclu - selon Allo Ciné entre autres - qu'elle soit en concurrence avec son papa Francis Ford (Youth without youth)... Il ne serait pas non plus trop risqué de citer le nom de Pedro Almodovar : son nouveau portrait de femmes, Volver, avec Penelope Cruz et Carmen Maura, sort en France le 24 mai ! Autre enfant chéri des cinéphiles, Nanni Moretti, palmé il y a cinq ans pour La Chambre du fils, pourrait bien présenter sur la Croisette son Caïman, annoncé comme une satire mordante sur Berlusconi, d'autant que la sortie de son film en France est annoncée pour le 17 mai, soit la veille de l'ouverture du Festival... Toujours en Europe, le Finlandais givré Aki Kaurismäki, naguère Grand prix du jury pour L'Homme sans passé, se rappelle au bon souvenir des organisat eurs : ses Lumières du faubourg devraient bénéficier d'une exposition cannoise. The Golden door, tourné en Argentine avec Charlotte Gainsbourg, pourrait bien ouvrir les portes de la compétition à l'Italien Emanuele Crialese, découvert à la Semaine de la Critique avec Respiro. Autres sérieux candidats : Il Regista di matrimoni de Bellocchio, Les Climats du Turc Nuri Bilge Ceylan, l'auteur de Uzak qui marqua Cannes 2003, Blackbook ou le retour de Paul Verhoeven dans sa Hollande natale, Goya's ghosts de Milos Forman ou encore Zapakh kamnya du Russe Andrei Zviaguintsev, Lion d'or à Venise en 2003 pour Le Retour. Pour les Britanniques, deux habitués se tiennent prêts : Ken Loach et Kenneth Branagh. Le premier vient d'achever le tournage du Vent se lève, film d'époque sur la lutte pour l'indépendance de l'Irlande et le second vient également d'achever le tournage d'As you like it, une nouvelle adaptation de Shakespeare. Il faudra également et très probablement compter avec The Queen, évocation de la famille royale par l'impertinent Stephen Frears. Aux States, les grands noms ne manquent pas, nous dit la rumeur : Woody Allen avec Scoop ou De Palma et son très attendu Dahlia noir, soit deux bonnes raisons de réinviter Miss Johansson un an après Match point. Soderbergh, Palme d'or pour Sexe, mensonges et vidéo, espère bien revenir cette année avec The Good German - il serait accompagné sur les marches du couple glamour George Clooney-Cate Blanchett. L'actrice australienne joue aux côtés de Brad Pitt dans un autre film au profil « cannois » : Babel du Mexicain Inárritu (découvert en 2000 à la semaine de la Critique). Dans cette même catégorie « grand public et ambitieux à la fois », The Fountain de Darren Aronofsky et Southland tales de Richard Kelly ont également toutes leurs chances. On citera encore Inland empire de Lynch et Flags of our fathers d' Eastwood, mais aussi Breaking and entering de Minghella, Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro et The Namesake de Mira Nair. Quant à la sélection française, un titre revient sur toutes les lèvres : Selon Charlie, de Nicole Garcia et son quatuor viril Bacri, Lindon, Poelvoorde et Magimel. Pascale Ferran, qui n'avait plus donné de nouvelles depuis dix ans, est aussi très attendue. La revoilà avec Lady Chatterley, peut-être en compétition elle aussi. Bruno Dumont, qui avait fait tant de bruit sur la croisette avec L'Humanité pourrait revenir avec Flandres. Fort du succès de L'Esquive, Abdellatif Kechiche suscite forcément la curiosité avec La Graine et le mulet. Evoquons également Indigènes de Rachid Bouchareb, Le Voyage en Arménie de Guédiguian, Dans Paris, de Christophe Honoré, avec le chic tandem Romain Duris-Louis Garrel et les premiers films de deux scénaristes chevronnés, Quelques jours en septembre de Santiago Amigorena et La Californie de Jacques Fieschi. ... et ailleurs Dans ce tour du monde du cinéma, il faut tout de même préciser que le festival pourrait bien faire escale en Argentine (Nacido y criado de Pablo Trapero), au Burkina Faso (Kato kato d'Idrissa Ouedraogo), au Japon (Hana Yori Mo Naho, un film de Samouraï par Kore-Eda, l'auteur de Nobody knows), en Chine (Wu Qingyuan de Tian Zhuangzhuang et The Sun rises again de Jiang Wen, à qui on doit la fresque-culte Les Démons à ma porte), en Australie (Jindabyne de Ray Lawrence) ou en Inde, où nous convie l'Iranien Makhmalbaf (Scream of the Ants). Le Festival de Cannes faisant la part belle au documentaire et au cinéma d'animation, depuis quelques années, on évoque, pour la première catégorie : Maradona de Kusturica, d'un intrigant Zidane, un portrait du XXIe siècle et de Retour en Normandie de Nicolas Philibert. Quant à la seconde, on parie déjà pour La découverte d'Azur et Azmar de Michel, Kirikou, Ocelot et peut-être aussi Arthur et les minimoys de Besson, voire même Cars, le dernier Pixar qui promet de dépasser Némo.