Le Festival du film de Cannes (sud de la France) fête cette année ses 60 ans. L'occasion de s'offrir avec un nouveau visage plein de fraîcheur et de créativité. En effet, pour cette édition, prévue du 16 au 27 mai prochain, rien, ou presque, ne ressemblera aux autres années. Place aux humeurs et au mouvement avec, pour commencer, une affiche-hommage à plusieurs grands noms du 7e art en mouvement de joie. Et comme l'idée de marquer cette date de manière classique (autocélébration, commémoration, regard sur le passé...) ne semblait pas très passionnante, les organisateurs de l'événement ont préféré se tourner vers le dynamisme et la création. D'où l'idée de réunir un groupe de créateurs connus et reconnus autour de « Chacun son cinéma ». Venus des 5 continents et de 25 pays, ces 35 réalisateurs livreront, chacun en 3 minutes, un état d'esprit inspiré par le thème de la salle de cinéma. Le résultat attendu est une série de rencontres aussi diverses que diversifiées. Aucun réalisateur n'a eu connaissance des autres fragments, ni même des synopsis de ses confrères qu'il découvrira en même temps que tout le monde le 20 mai prochain. Cependant, on sait que Wenders a filmé au Congo, Tsai Ming Liang à Kuala Lumpur et Cronenberg aux... toilettes ! Un budget modeste alloué à chacun d'entre eux devrait les inciter à se montrer inventifs, surprenants, drôles, émouvants, provocateurs, sentimentaux, généreux... Autre fait marquant de la 60e édition de l'un des plus grands rendez-vous du cinéma, plus de nouveaux venus sur la Croisette. Treize des 22 films en compétition sont signés de réalisateurs qui feront leurs débuts dans la course à la très convoitée Palme d'or. Parmi eux : Raphakl Nadjari, Marjane Satrapi — célèbre auteur iranienne de la BD Persépolis qu'elle a transposée en film d'animation avec son co-réalisateur français Vincent Paronnaud —, Fatih Akin, Lee Chang-dong, Cristian Mungiu, Béla Tarr, David Fincher, Ulrich Seidl, Andrej Zvyagintsev, Catherine Breillat, Christophe Honoré et Julian Schnabel. Ces nouveaux venus se retrouveront donc aux côtés d'habitués tels que le Serbe Emir Kusturica (Promise me this) pour la 5e fois en lice et avec deux Palmes d'or à son actif, contre une pour les Américains Gus Van Sant (Paranoid Park) et les frères Coen avec No country for old men. Un autre Américain, Quentin Tarantino, fait son grand retour en compétition avec Death proof, 13 ans après la Palme d'or pour Pulp fiction en 1994. Trois ans après sa Palme d'or pour Fahrenheit 9/11, l'Américain Michael Moore revient, lui, hors compétition avec le documentaire Sicko. Par ailleurs, l'édition 2007 de Cannes se distinguera en accueillant le plus long film de son histoire : The War (la guerre), le nouveau film de 14 heures de Ken Burns sur la Deuxième Guerre mondiale. Il sera projeté dans son intégralité sur deux jours dans le cadre d'une scéance spéciale, hors compétition. The War, que Burns a co-réalisé avec Lynn Novick, a nécessité 6 années de travail. Il décrit les histoires intimes de citoyens de quatre villes américaines - Waterbury, Connecticut ; Mobile, Alabama ; Sacramento, Californie ; et le minuscule village de Luverne, Minnesota. On l'aura compris, le 60e Festival du film de Cannes sera surprenant à plus d'un titre et entamera certainement un nouveau tournant marquant ainsi qu'une rupture avec ses anciennes habitudes !