Le juge Marc Trévidic, qui a succédé à Jean-Louis Bruguières au pôle antiterroriste, est en charge d'une quarantaine de dossiers liés au terrorisme. Il revient, dans une interview au Journal du Dimanche (JDD) sur l'évolution du terrorisme à travers le monde, sur les menaces pesant sur la France. Paris. De notre correspondante Concernant le terrorisme en lien avec la situation au Nord-Mali, Marc Trévidic affirme qu'il y a déjà quatre informations qui sont ouvertes sur les filières maliennes. «Elles concernent des jeunes, souvent des binationaux ou qui ont des liens avec l'Afrique noire. Ils passent soit par le Niger soit par l'Algérie. Mais beaucoup (…) sont Maliens, peuvent aller voir leur famille et n'ont donc pas besoin de visa.» «Ces Français musulmans ‘noirs', qui souffraient jusque-là d'un racisme latent de la part des ‘Arabes', disposent pour la première fois de leur djihad bien à eux.» Et de préciser que «tous les ingrédients sont réunis pour qu'il y ait des répercussions sur notre sol. La France soutient ceux qui vont intervenir militairement à Tombouctou. On est donc l'ennemi, bien identifié. D'autant que cette crise est partie pour durer. Sans oublier la question des otages français dans le Sahel.» Marc Trévidic, qui analyse le terrorisme comme «une notion malléable, très liée à la géopolitique, aux alliances», estime que c'est «un phénomène qui s'inscrit dans la durée» et qu'«il va falloir accepter cette réalité sans se faire d'illusions. Ce qui veut dire accepter que des attentats réussissent, qu'il y ait des morts».