Pour l'année 2005, nous avons enregistré, dans la wilaya de Tizi Ouzou 30 tentatives de suicide avec 23 cas de décès et 7 autres sauvés », a annoncé un médecin de la Protection civile lors d'une conférence tenue sur la prévention du suicide organisée par l'association Izurane N'tmurth, samedi dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de la ville de Tizi Ouzou. « En 2002, nous avons recensé 92 tentatives de suicide, dont 71 hommes, 9 femmes et un enfant qui en sont décédés », ajoute l'officier médecin. Mais, ce sont-là des chiffres à relativiser, car, note le docteur Bouzidi dans son intervention, « tous les cas de suicide ne passent pas par les services de la Protection civile. » Donc, le suicide serait un phénomène bien plus ravageur. Mais, déjà les statistiques offertes dans un dépliant conçu par l'association organisatrice de la conférence sont ahurissantes : citant les chiffres de la Protection civile, l'on y précise ainsi que la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré un pic de 92 tentatives de suicide en 2002 avec 71 hommes, 9 femmes et 1 enfant alors que 11 personnes ayant essayé d'attenter à leur vie ont été sauvées pour la même année. Ce chiffre retombe à 54 cas en 2003 (dont 14 survies) et à 58 cas en 2004. A noter qu'en 2005 et sur les 30 cas de tentatives de suicide recensés, 23 décès sont des hommes alors qu'aucune femme ni enfant n'est enregistré. Chef du service psychiatrie au centre hospitalo-universitaire de Tizi Ouzou, le docteur Bouzidi a axé sa conférence sur « la responsabilité des différents segments de la société (famille, association, praticien, amis, etc.) pour prévenir le suicide ». « Le fait de vouloir se donner la mort, volontairement et consciemment, ne doit plus rester tabou et tout le monde doit savoir que des solutions existent à ce phénomène », précise le psychiatre. Le docteur Bouzidi distingue deux variantes de tentatives de suicide : celle volontaire et conscientes et celle due à un état d'aliénation. « Au maximum, 5% seulement des tentatives de suicide sont l'œuvre de personnes aliénées. Ces dernières sont considérées comme sujets malades et trouvent souvent le chemin du service de psychiatrie. Or, les autres cas, représentant la majorité, refusent de consulter pour une raison : l'amalgame fait entre psychiatrie et folie », affirme le praticien pour étayer son propos. Insistant sur la valeur de l'écoute pour les personnes souffrantes, le docteur Bouzidi, souligne que « fondamentalement, un candidat au suicide éprouve le besoin de se confier. Mais, il a trop honte de son état ou est victime de timidité. Le paradoxe de la vie moderne réside dans le fait que nous observons une croissance du besoin d'expression et une réduction des espaces et possibilités d'écoute ». « Le chômage et le manque de perspective nourrissent le mal-être et la déprime », affirme le psychiatre en relevant que « si les hommes se donnent plus la mort que les femmes, cela est dû au fait que ces dernières s'occupent plus que les premiers ».