L'académie des Oscars, qui existe depuis 1928, a annoncé jeudi 10 janvier la liste des nominés. Exit l'Algérie (Zabana ! de SOK), exit aussi deux immenses acteurs : Javier Bardem qui a fait gagner une fortune au producteur de Skyfall, le dernier James Bond, et Jean Louis Trintignant, impressionnant dans Amour (Haneke). Mais aussi la très délicieuse actrice Marion Cotillard et le film populaire en France Intouchable. Il y a longtemps que tout le bruit fait autour des Oscars laisse indifférents les cinéphiles. On sait qu'il y a un empire (impérialiste) d'images à Hollywood, qui décide de tout cela. Les continents d'images d'Asie et d'Afrique existent peu pour lui, sinon pas du tout. Il est extrêmement rare que des cinéastes chinois, comme Ang Lee, obtienne comme cette année pour Odyssée de Pi quelque considération. Son distributeur américain a dû frapper très fort sur la table et aligner pas mal de billets verts. Car Hollywood vampirise tout. A l'image de Stevan Splieberg qui rafle 12 nominations, alors que son Lincoln a reçu de mauvaises critiques à sa sortie. Douze citations pour : Best pictures, actor, cinematography, directing, editing, music, etc. Les autres nominés sont aussi sortis des studios : Zéro Dark Thirty light (avec Danzel Washington), Argo (Ben Affleck), Les Misérables (Hugh Jackman), Happiness Therapy (David Russel)... Un miracle cependant : dans la catégirie court métrage, le cinéaste maghrébin, né en Suède, Malik Benjelloun, a eu la surprise de voir son film nominé : Searching for Sugar Man, déjà primé au Festival de Sundance. Sinon, cette Hollywood connexion est à l'opposé des festivals internationaux, où tous les films concourent à égalité de chances dans les mêmes sections. Le système des Oscars a une unique section, un ghetto appelé «Foreign language films» ! Comment se passent les votes ? Mystère et boule de gomme. En fait, ce sont les producteurs et distributeurs qui négocient habilement, à coups de gros chèques, la nomination de leurs produits. Un étranger qui a peu de moyens, un soutien dérisoire à Los Angeles (sans doute le cas de Zabana!) n'a aucune chance même si, comme le cas du film de SOK, la grande revue Variety l'a défendu énergiquement. Sachant d'avance tout ceci, des auteurs importants comme Aki Kaurismaki, Ken Loach, Nanni Moretti, et bien d'autres encore refusent absolument de donner leurs films à l'académie des Oscars. Le tumulte médiatique va durer jusqu'à fin février, avec l'annonce des gagnants. Toute cette histoire n'a rien de drôle pour les cinéastes et producteurs qui débarquent à Los Angeles. On peut se poser la question : pourquoi aller se montrer à cette machine (pas drôle) des Oscars qui fait passer de sales quarts d'heure aux «étranges étrangers» ?