Il a beaucoup fait pour le pays depuis qu'il est venu, mais l'Algérie continuera-t-elle à fonctionner de la même façon après qu'il sera parti du pouvoir ? » Cette réflexion provient d'un sexagénaire, ancien fonctionnaire dans un ministère et qui ne trouve plus que ces paroles pour commenter le deuxième anniversaire de l'investiture du président de la République. Ce dernier en est également à sa septième année aux commandes de l'Algérie, alors que de nombreux Algériens se posent la question : « Qui conduira les affaires du pays après Bouteflika ? » A trois ans de la fin du mandat présidentiel, les citoyens ne veulent plus revivre des périodes de déstabilisation politique. Le profil d'un président compte maintenant énormément, même si la scène politique partisane offre peu de changes. « Sachant les mauvaises expériences par lesquelles est passé le pays, il faut penser dès maintenant à un successeur qui saura consolider les acquis réalisés jusque-là », confie un ancien militant de la cause nationale. Certains vieux gardent encore la nostalgie d'un président avec un profil comme celui de Houari Boumediène « qui avait su stabiliser son pays malgré beaucoup d'interférences », se rappelle un gérant d'un hôtel au square d'Alger. « Bouteflika a redonné à l'Algérie une place qu'elle avait perdue et il faut que le président qui lui succède marque d'autres bons points au bénéfice des citoyens ». De jeunes étudiants à l'université d'Alger s'accordent à dire que « des changements positifs sont perceptibles dans la vie de tous les jours, mais on est encore loin par rapport aux richesses et aux atouts de l'Algérie ». Un vendeur de cigarettes, père de famille, avoue que « des Algériens sont riches sans qu'ils fournissent des efforts et d'autres triment sans jamais répondre aux besoins vitaux de leurs enfants. Il faut donc que cela change, si on dit que le pays est bien géré ». Les politiciens ne nous éclairent jamais sur les combines d'une économie dont le mode de fonctionnement arrange encore beaucoup d'opportunistes, s'exprime un diplômé, au chômage, vendeur de bouquins. Pour ce dernier, « la situation a été assainie par Bouteflika en matière d'économie parallèle et qui a favorisé un nantissement sans cause pour des Algériens sans mérite, mais certains ont réussi à se recycler et il faut donc que le prochain président continue le ménage ». Tous les bons points accordés au mandat du président de la République ne sont pas donnés dans l'absolu. Ils se veulent comme une comparaison avec le passé récent de l'Algérie, celui d'avant 1999 mais aussi avec ce qui attend le pays comme résolution d'un tas de problèmes urgents et complexes. Logement, emploi et régulation des prix de produits de large consommation sont quelques-uns de ces besoins qu'il faudra satisfaire à court terme. Sinon, la maladie de Bouteflika a apaisé certaines critiques du fait que les Algériens ne peuvent pas se permettre d'autres douloureuses péripéties. « On est encore un pays fragile et trop de critiques risquent de nous coûter cher », avance une figure historique de la guerre de Libération nationale. Si bien qu'aujourd'hui le consensus populaire cherche un profil d'un président qui pourra ressembler à Bouteflika.