M. Brahimi, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, doit rendre compte de l'évolution de sa mission de médiation au Conseil de sécurité le 29 janvier. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi ont dénoncé hier les «puissances extérieures» qui arment l'opposition et le gouvernement syrien. Les deux hommes, qui se sont rencontrés lundi à New York, ont aussi fait part de leur «profonde inquiétude» devant le bilan des morts depuis 22 mois de crise en Syrie et de leur frustration devant l'incapacité des grandes puissances membres du Conseil de sécurité à s'unir pour mettre fin à la crise. MM. Ban et Brahimi «ont exprimé leurs profondes déception et inquiétude devant l'ampleur terrible des tueries et des destructions commises par le gouvernement et l'opposition et alimentées par des puissances extérieures qui fournissent des armes aux deux camps», a indiqué le porte-parole de l'ONU, Martin Nesirky. Ban et Brahimi se sont aussi «déclarés consternés par l'absence d'une position internationale unie qui pourrait mener à une transition» politique comme le prévoit l'accord de Genève de juin dernier. M. Brahimi, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, doit rendre compte de l'évolution de sa mission de médiation au Conseil de sécurité le 29 janvier. Sur le terrain, la situation s'est tellement détériorée que de nouvelles vagues d'étrangers ont décidé de fuir le pays. Une centaine de ressortissants russes ont embarqué hier à bord de deux vols depuis le Liban voisin vers Moscou, a affirmé un diplomate russe à la presse. Est-ce un signe que la Russie a lâché Bachar Al Assad et que c'est le début de la fin pour son régime ? Pas encore. Du moins, le diplomate russe a assuré qu'il ne s'agissait en aucun cas d'un plan d'évacuation mis en place par Moscou. «Il y a des milliers de ressortissants russes en Syrie. Le problème est que les liaisons aériennes russes ne fonctionnent plus depuis Damas, donc nous aidons quelque 100, maximum 150 personnes à quitter la Syrie via Beyrouth, qui est tout proche», a affirmé le diplomate sous le couvert de l'anonymat. «Nous aidons simplement les gens qui sont venus au consulat russe à Damas pour demander de l'aide», a-t-il poursuivi. Entre-temps, les combats font toujours rage entre les partisans du régime de Bachar Al Assad et l'opposition armée syrienne. L'armée régulière a une nouvelle fois pilonné hier la périphérie de Damas, au sol et depuis les airs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les chasseurs-bombardiers ont mené des raids sur Douma, au nord-est de la capitale et survolaient la Ghouta orientale, la région de vergers qui borde Damas où les rebelles ont établi leurs bases arrière, a précisé l'ONG. Dans le même temps, l'artillerie du régime bombardait les localités de Daraya et de Mouadamiyat Al Cham, dans le sud-ouest, et de Beit Sahem et de Yalda, dans le sud de Damas, selon l'OSDH. Une centaine de Russes quittent la Syrie Selon le journal proche du régime Al Watan, «dans la Ghouta orientale, les unités de l'armée syrienne ont continué de poursuivre les hommes armés dans leurs repaires, utilisant dans les affrontements toutes sortes d'armes, y compris l'artillerie et l'aviation». Le quotidien ajoute que «la route de l'aéroport international de Damas (au sud-est de la capitale, ndlr) est sécurisée et que la circulation est normale, ainsi que les vols de la Syrian Air». A Damas même, «la situation dans le camp (de réfugiés palestiniens de) Yarmouk où sont concentrés des groupes armés est toujours tendue, et les affrontements entre Comités populaires palestiniens et les groupes armés se poursuivaient», selon Al Watan qui fait état d'«une pénurie de pain aiguë, le travail dans les boulangeries s'étant arrêté». Ailleurs dans le pays, selon l'OSDH, des combats avaient également lieu à Alep, la métropole du Nord, dont les localités environnantes étaient sous les bombes des troupes régulières, tout comme celles de la province de Homs, dans le centre du pays, et de Deraa, dans le sud, où cinq rebelles ont péri. Dans le Nord-Est kurde, au moins 56 combattants ont péri en six jours de combats à Rass Al Aïn, une localité sur la frontière turque où s'affrontent régulièrement rebelles et combattants de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), selon l'OSDH. Lundi, 178 personnes ont péri dans des violences, dont 55 civils, selon un bilan de l'ONG. Devant l'ampleur des combats, les Syriens fuient quotidiennement le pays par dizaines. Plus de 12 000 Syriens, pour la plupart des femmes et des enfants, se sont réfugiés en Jordanie au cours des six derniers jours pour échapper au conflit. «Plus de 12 000 Syriens ont fui la Jordanie au cours des six derniers jours. La plupart d'entre eux sont des femmes et des enfants», a indiqué à la presse Anmar Al Hammoud, porte-parole du gouvernement, sur le dossier des réfugiés syriens. «Depuis le début de l'année, quelque 25 000 Syriens sont entrés dans le pays», a-t-il ajouté. Les autorités jordaniennes disent accueillir plus de 300 000 réfugiés syriens. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), 176 000 d'entre eux sont enregistrés auprès de ses services. Alors que le nombre de réfugiés syriens enregistrés dans les pays voisins et en Afrique du Nord dépasse aujourd'hui les 600 000, le HCR estime qu'il pourrait atteindre 1,1 million d'ici juin, si la guerre civile se poursuit.