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ces projets sont l'amorce d'une dynamique autour de la littérature jeunesse
Clémence Lavergne-Roman. Artiste, graphiste et directrice de Leqald
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2013

Cinq livres illustrés, ateliers d'écriture, de lecture, d'arts plastiques… C'est le contenu du projet éditorial spécial littérature jeunesse, qui se déroulera aux mois d'avril et mai à la Villa Abdellatif, en partenariat avec les éditons Barzakh. El Watan week-end identifie ce nouveau projet.
-Comment est né votre projet Les éditions qui aiment les différences (Leqald) ?
Ce projet est né de l'envie de construire avec plusieurs mains et en plusieurs langues, afin que chacun apporte ses différences pour créer un tout harmonieux. Je me rends régulièrement en Algérie depuis 2009. A chacun de mes séjours, je suis frappée par l'importance du livre pour les Algériens. Je rencontre à chaque fois de nouvelles personnes qui me font découvrir l'Algérie avec leurs mots : des auteurs, des journalistes, des scénaristes, des réalisateurs, des caricaturistes, des plasticiens, des éditeurs. Mon histoire d'amour avec l'Algérie est désormais une histoire de mots, de partage, de rencontre avec de nouveaux mots. De retour d'Algérie en mai 2012, j'ai décidé de monter une association éditoriale, Les éditions qui aiment les différences (Leqald) et de monter le projet inaugural à Alger.
-Quel en est le but ?
Mon but est de réaliser des livres bilingues en partenariat avec des maisons d'édition dans différents pays et d'y travailler avec de jeunes auteurs et de jeunes artistes. Une formule associant Leqald à un acteur établi de la vie littéraire sur place pourra faire de ces projets éphémères l'amorce d'une dynamique pérenne autour de la littérature jeunesse. Le projet en Algérie se déroulera aux mois d'avril et mai à la Villa Abdellatif grâce au soutien de l'AARC, en partenariat avec les éditions Barzakh. Nous voulons réaliser pour les enfants cinq albums bilingues français/arabe, originaux, contemporains, beaux et peu onéreux, avec l'aide du bureau du livre du SCAC. En parallèle, nous proposons aussi des conférences autour de la littérature jeunesse ; ses vertus multiples, sa réalisation en équipe, sa diffusion. Et une fois les livres sortis, nous proposerons des ateliers d'écriture, d'arts plastiques et de fabrication de livres dans des écoles, bibliothèques, médiathèques.
-La littérature jeunesse en Algérie est peu développée. A-t-elle un avenir chez nous ?
La littérature jeunesse est une forme d'écrit porteuse de sens dans le champ du réel, ce qui n'empêche pas de faire rêver les enfants ni de véhiculer une éthique. L'album jeunesse parle le plus souvent d'aujourd'hui à des enfants d'aujourd'hui. C'est en cela qu'il est une manière de la littérature qui me semble très intéressante, car elle permet à l'enfant une identification et une projection propices à l'aider dans sa construction, en favorisant le passage du réel à l'imaginaire. L'album peut alors être considéré comme un outil d'apprentissage. La lecture ne s'arrêtera pas au livre de lecture et pourra devenir un plaisir à partager en famille, entre amis, à l'école. Il est à noter que des maisons d'édition telles que Dalimen, Les trois pommes, La 7e couleur, Lazhari Labter Editions s'intéressent, depuis quelques années, à cette forme de littérature et publient des albums de littérature jeunesse.
Certains auteurs algériens, comme Mohamed Dib avec L'Histoire du chat qui boude, Azouz Begag avec Un train pour chez nous ou Mohamed Kacimi avec Bouqala, Chants de femmes d'Alger ont écrit pour la jeunesse et bien d'autres. Malheureusement, leurs livres sont rares dans les librairies. Enfin, une intime conviction mûrit en moi avec les années : proposer de beaux albums aux enfants, c'est les aider à se construire afin qu'ils puissent construire à leur tour. Beaucoup est à créer, penser, inventer, imaginer. L'avenir et le devenir de la littérature jeunesse est à construire et, j'en suis sûre, dans quelques années, avec du travail, de la curiosité, nous aurons de belles surprises. Et ce projet, qui a rencontré un réel engouement en Algérie, va nous en réserver encore bien d'autres lors de son déroulement, à n'en point douter. Issue des beaux arts, lectrice passionnée, je suis heureuse et impatiente à l'idée de voir les enfants lire nos livres !
-Le festival du livre jeunesse d'Alger est-il un bon baromètre pour avoir une idée de ce qui se fait en Algérie...
Je pense que oui. Pour le moment, il y a un réel besoin de développer ce secteur spécifique de la littérature, propos clairement affirmés à plusieurs reprises par la ministre de la Culture, par les professionnels du livre, par des associations qui militent pour la lecture, des éditeurs ou bien des parents. Il n'y a pour l'instant qu'une partie du Feliv qui est consacrée à la littérature jeunesse. Il faut du temps pour développer l'offre, les animations qui correspondent, autour de ce secteur éditorial. Au Sila, qui est un Salon international, quelques éditeurs offrent des publications en littérature jeunesse, mais encore assez timidement.
Publier de la littérature jeunesse demande un travail éditorial spécifique. Il faut trouver des auteurs et des illustrateurs jeunesse avec qui travailler, ce qui est rare en Algérie pour le moment. Pour faire des livres de qualité, il faut travailler sur toute la chaîne de production du livre d'une manière spécifique. Le texte et sa typographie, les images et leurs couleurs demandent une mise en page et une impression pointues. C'est un travail précis et parfois ingrat, onéreux, long et peu rentable. Mais pour les enfants, le droit à l'erreur n'est pas de mise. Il faut de la qualité tant sur le fond que sur la forme. Voilà pourquoi j'ai eu envie de monter ce projet en Algérie et de travailler avec les éditions Barzakh.


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