L'Algérie perd ainsi trois places par rapport à 2012 loin dernière le Tchad, le Niger et le Mali. L'Algérie dégringole dans le classement mondial annuel de la liberté de la presse en 2013. Elle occupe la 125e place sur un total de 179 pays passés en revue et perd ainsi trois places par rapport 2012. Cette position peu glorieuse, loin dernière le Tchad, le Niger et le Mali, est la conséquence directe «de la multiplication des agressions et des procès à l'encontre des professionnels de l'information et de l'augmentation des pressions économiques sur les médias indépendants», estime Reporters sans frontières (RSF) dans son rapport rendu public hier. L'ONG française relève aussi la non-institution de l'autorité de régulation par les autorités algériennes. «Plus d'un an après le vote par le Parlement algérien d'une nouvelle loi sur l'information, censée abolir le monopole de l'audiovisuel public, l'autorité de régulation, préalable indispensable, n'a pas encore été instituée», écrit encore RSF. Pour l'ONG française, «la nouvelle législation reste (…) théorique, un simple effet d'annonce», d'autant qu'«aucune chaîne de droit privé algérien n'a pu voir le jour». Si des chaînes de télévision ont été lancées ces dernières années, celles-ci, profitant d'un vide juridique, émettent à partir des pays du Golfe. Mais curieusement, ces mêmes chaînes «offshore» bénéficient en Algérie d'une grande bienveillance des autorités. Bilan mitigé du Printemps arabe Le bilan demeure très mitigé dans les pays où le Printemps arabe a porté au pouvoir les islamistes. Deux ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie arrive 138e et perd quatre places, alors qu'elle avait nettement progressé en 2011. «Les agressions de journalistes se sont multipliées au cours du premier trimestre de 2012 ; depuis, les autorités ont entretenu le vide juridique en retardant la mise en œuvre des décrets-lois régissant les médias. Pratique qui a rendu possible des nominations arbitraires à la tête des organes publics», explique RSF, déplorant un «discours le plus souvent méprisant, voire haineux, des hommes politiques envers les médias». Si l'Egypte se retrouve 158e du classement et gagne 8 places, cette amélioration est «relative» tant 2011 avait été placée sous le signe de la violence contre les journalistes, rappelle l'ONG. «Journalistes et net-citoyens ont continué à être les cibles d'agressions, d'arrestations et de procès. Un journaliste a trouvé la mort en décembre» énumère RSF, indiquant que «les Frères musulmans ont procédé à la nomination des directeurs et rédacteurs en chef des journaux gouvernementaux peu de temps après leur arrivée au pouvoir, ce qui n'a pas été sans conséquences importantes sur la ligne éditoriale de ces médias». Le rapport de RSF pointe également un «projet de Constitution» contenant «des dispositions trop vagues et clairement liberticides». Dans ce pays, les possibilités de fermeture ou de confiscation de médias demeurent possibles sur ordre d'un juge. En gagnant plus de vingt places, la Libye arrive à la 131e position. Progression liée aux conséquences «positives» de la fin de 42 ans de règne de Mouammar El Gueddafi. Pour RSF, ces améliorations «attendent d'être confirmées avec l'inscription du principe de la liberté de l'information dans la Constitution» et la mise en place de «lois garantissant ce principe et apportant de véritables protections pour les journalistes, ainsi que des garde-fous en faveur du pluralisme et de l'indépendance des médias». Quant au voisin marocain, certes épargné par le Printemps arabe, il figure à la 136e position. Les promesses de réformer le système des médias annoncées par le gouvernement islamiste en novembre 2011 «tardent à se concrétiser», relève RSF, indiquant que «l'arbitraire et l'absence de transparence sont souvent de mise dans les prises de décision, notamment dans l'octroi et le retrait des accréditations». Les trois meilleurs élèves en matière de respect de la liberté de la presse restent la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège. En queue de peloton on trouve l'Erythrée, la Corée du Nord et le Turkménistan. Pour son classement, RSF table sur six critères pour chaque pays : le pluralisme, l'indépendance des médias, les notions d'environnement et d'autocensure, le cadre légal, la transparence et enfin les infrastructures d'information.