Malgré l'adoption d'une nouvelle loi sur l'information qui permet l'ouverture du champ audiovisuel au secteur privé, l'Algérie perd trois places au Classement mondial de la liberté de la presse pour la période 2012-2013, rendu public hier par Reporters sans frontières (RSF). Elle occupe désormais la 125e place sur 179 pays. «L'Algérie (125e, -3) perd quelques places du fait de la multiplication des agressions et des procès à l'encontre des professionnels de l'information et l'augmentation des pressions économiques sur les médias indépendants», note le rapport qui relève aussi que «plus d'un an après le vote par le Parlement algérien d'une nouvelle loi sur l'information, censé abolir le monopole de l'audiovisuel public, l'autorité de régulation, préalable indispensable, n'a pas encore été instituée». «Aucune chaîne de télévision de droit privé algérien n'a pu voir le jour», poursuivent les rédacteurs du rapport qui concluent que «la nouvelle législation reste donc théorique, un simple effet d'annonce». Sur le plan régional, l'Algérie qui est classée dans la région «Maghreb et Moyen-Orient», n'est pas moins lotie, elle devance de quelques places le Maroc, placé à la 136e place et la Tunisie placée à la 138e place. La Tunisie a perdu quatre places, deux ans après la chute de l'ancien régime de Ben Ali, bien qu'elle ait nettement progressé en 2011 en effectuant alors un bond de 30 places, alors que le Maroc a gagné deux places et la Libye (131e), pas moins de 23 places, une «forte progression» qui s'explique, selon RSF, par «les conséquences positives de la fin de 42 ans de règne de Maammar Kadhafi, sur la liberté de l'information». Dans la même région (Maghreb Moyen-Orient), c'est Israël, qui se poclame chantre de la démocratie, qui chute de 20 places (112e). Cette dégringolade «s'explique par les exactions commises par l'armée israélienne dans les territoires palestiniens ; exactions auparavant comptabilisées distinctement sous l'entité Israël (hors territoire israélien)», note le rapport qui accable le Tsahal (armée israélienne) qui «a délibérément pris pour cibles les journalistes et les bâtiments abritant des médias proches ou affiliés au Hamas» lors de l'opération militaire «Pillier de défense» en novembre 2012, en plus «les arrestations et détentions arbitraires de professionnels de l'information palestiniens restent monnaie courante», regrette RSF, qui évoque aussi l'existence en Israël «d'une censure militaire». Aux frontières sud de l'Algérie, le Mali «longtemps présenté comme un bon élève du continent en matière de démocratie et de liberté de la presse, perd 74 places, soit la plus forte chute au niveau mondial. Il paye, selon RSF, «la situation dans laquelle le pays a sombré en 2012». «Le putsch militaire du 22 mars à Bamako et la prise du nord du pays par les indépendantistes touaregs et fondamentalistes islamistes ont exposé les médias à la censure et aux exactions», ajoute le rapport de RSF qui affirme que «plusieurs journalistes, maliens ou étrangers, ont été agressés dans la capitale». Plusieurs pays dit «démocratiques» occupent des places peu reluisantes, à l'image du Japon (53e) qui perd 31 places. Le trio de tête reste le même que celui de l'année dernière c'est-à-dire, dans l'ordre, Finlande, Pays-Bas (+1) et Norvège (-2). En queue du classement, la Syrie (176), le Turkmenistan (177), la Corée du Nord (178) et l'Erythrée (179) gardent leur classement de l'année dernière.