Une enquête sur l'emploi, réalisée auprès des ménages en 2005 et rendue publique récemment par l'Office national des statistiques (ONS), a fait ressortir que près de la moitié de la population occupée (*), soit 49,1%, n'est pas affiliée à la sécurité sociale. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à ne pas être déclarés. Ils sont 51% à ne pas l'être contre seulement 38,1% pour la gent féminine. De même qu'une disparité flagrante a été constatée entre le milieu urbain (41,4) et le milieu rural (60,7%). Il apparaît aussi que 70% de l'ensemble des employeurs et indépendants et 76,9% des salariés non permanents ne sont pas affiliés à la sécurité sociale renseignant un peu plus sur la précarité de l'emploi et le poids de l'informel. Le constat est tout aussi édifiant pour les femmes occupées comme employeuses et indépendantes dont seulement un peu moins de 9% sont affiliée à la sécurité sociale. Ce phénomène prend des proportions inquiétantes en zone rurale où presque 98% de cette catégorie la population occupée n'est pas affilée contre 88,2% en milieu urbain. L'ONS en conclut qu'il s'agit de femmes qui travaillent à domicile. Les hommes ne sont pas mieux lotis. L'enquête de l'ONS a démontré que 8 salariés permanents sur 10 et les deux tiers des employeurs et indépendants ne sont pas non plus affiliés à la sécurité sociale. D'une manière générale, la population active a été estimée à 9,5 millions de personnes à septembre 2005 soit 29,2% de la population totale et 41% de l'ensemble des personnes en âge de travailler. Pour arriver à ces conclusions, l'ONS s'est basé sur les critères établis par le bureau international du travail. Le milieu urbain, où réside 59,6% de la population active, offre plus de débouchés que le milieu rural qui en compte les 40,4% restants. La gent féminine reste le parent pauvre de la population active. Elles n'en représentent que 15%. Elles ne sont que 27,5% en milieu rural à faire partie des femmes actives contre 72,5% en milieu urbain confirmant la piètre condition féminine dans la compagne qui se traduit par la difficulté d'accès au travail. L'enquête de l'ONS confirme aussi l'écart important en matière d'activité entre les hommes et les femmes. Celui-ci est bien mis en évidence du moment que 69,2% des hommes âgés de 15 ans et plus travaillent alors que la proportion des femmes de la même tranche d'âge qui ont intégré le monde du travail ne dépasse pas les 12,4%. L'ONS relève qu'à partir de 30 ans, les femmes commencent à quitter l'activité professionnelle. D'où une diminution sensible du taux d'activité qui atteint son pic dans la tranche d'âge des 25 à 29 ans. 8 millions de personnes occupées Par ailleurs, la population occupée du moment a été estimée à un peu plus de 8 millions de personnes à la fin du troisième trimestre 2005. Elle est essentiellement masculine, est-il indiqué par l'ONS. Cet organisme précise également que les femmes occupées ne représentent que 14,6% de l'ensemble des occupés. La situation est plus critique encore une fois en milieu rural qu'en milieu urbain où les femmes ont plus e chance de dénicher un poste de travail. Autre fait relevé par l'enquête de l'ONS, l'âge au premier travail. Les algériens commencent à travailler très jeunes. Ainsi, près de 49,9% des personnes occupées interrogées ont affirmés avoir intégré le monde du travail avant d'atteindre 20ans et 84,5% avant d'atteindre 25ans. Cette tendance se confirme davantage en milieu urbain. Ils sont 61,1% à avoir commencé à travailler avant d'avoir 20 ans et 88,3% avant d'avoir atteint 25 ans. Pour l'ONS, le meilleur indicateur sur l'organisation du marché de l'emploi en Algérie est le mode d'accès à l'emploi. Cet organisme souligne que " les procédures qui ont permis aux occupés de trouver leur emplois n'obéissent pas aux règles d'un marché bien structuré. Il met l'accent également sur l'échec des agences de placement qui ne contribuent qu'à hauteur de 3,5% à aider les demandeurs d'emplois à se faire embaucher. Une grande partie de ses derniers (34,3%) ont recours aux relations personnelles ou familiales pour accéder à un emploi. D'autres (27,1%), plus ambitieux, ont pu s'installer à leur propre compte. Sur un autre chapitre, il a été constaté que 55,8% des occupés, soit la majorité, exercent leurs activités dans des établissements ou des locaux. En milieu rural et compte tenu de l'activité économique dominante qui est l'agriculture, le nombre de personnes qui travaillent dans des établissements ou des locaux, diminue sensiblement. Près de 16,1% de la population occupée travaillent dans des exploitations agricoles. A partir de là, il est clair que la proportion des occupés qui exercent dans des lieux clos, est plus importante dans la zone urbaine où elle est de 66,4% qu'en zone rurale où ils ne sont que 39,9%. L'ONS s'interroge en outre sur les raisons qui poussent 20,8% des femmes en milieu urbain et 34% en milieu rural à exercer leurs activités à domicile. Il peut s'agir d'un choix délibéré ou d'une contrainte, mentionne-t-on. Il est signalé, par ailleurs, que 54,6% de la population occupée se sont tourné vers le secteur du commerce et des services. L'agriculture n'a attiré que 17,2%. Les secteurs de l'industrie et du BTP emploient respectivement 13,2% et 15,1% de l'ensemble des occupés. Dans le cas de l'agriculture et du BTP, l'ONS souligne que les offres d'emplois dans ces deux secteurs clé restent l'apanage du privé. Le secteur public est prédominant au sein du seul secteur commerce et services où il emploi 55,9%. S'agissant de la situation dans la profession, les salariés permanents se taillent la part du lion avec un taux d'environ 40% suivis par les employeurs et indépendants (27,1%) et les salariés non permanents et apprentis (27,4%). L'enquête de l'ONS fait remarquer aussi que 51,1% des femmes occupées sont des salariées permanentes et plus du quart (26,7%) sont des employeuses et indépendantes. Les salariées non permanentes ne sont que 14,9% du nombre total des femmes occupées. En revanche, les salariés permanents représentent 36% de l'ensemble de la population masculine occupée, les salariés non permanents 29,5% et les employeurs et indépendants 27,2%. Cette situation peut s'expliquer par le fait que les femmes sont plus présentes dans des secteurs tel que l'éducation, la santé, la justice qui relèvent de la fonction publique où l'emploi est plus connu pour être stable donc permanent. D'ailleurs, 88,5% de la population occupée dans le secteur public est composée essentiellement de salariés permanents, alors que les indépendants et les employeurs (43%) et les salariés non permanents (36,7%) composent la majorité des occupés du secteur privé où l'emploi semble plus précaire. L'enquête de l'ONS met la lumière sur un autre constat amer et qui a trait au niveau d'instruction de la population occupée qui est assez faible. Les occupés qui ont fait des études supérieures. Les deux tiers n'ont pas atteint le niveau secondaire. Environ 37% ne sont pas arrivé au pallier moyen alors que 12,5% n'ont aucun niveau d'instruction. Dans le même sillage, il en ressort que les femmes occupées sont plus instruites que les hommes. Un peu moins de 26% ont un niveau supérieur alors que les hommes occupés ayant une instruction aussi poussée ne représentent que 8,1% de l'ensemble masculine occupée. De même que les femmes occupées et plus représentent 55,3% de la population féminine occupée alors que les hommes de la même catégorie ne représentent que 28,3%. Est-ce à dire que les femmes doivent avoir un niveau d'instruction élevé pour pouvoir accéder à l'emploi ? A méditer. (*) Occupée : personne qui exerce une activité moyennant une rémunération en argent ou en nature.