Voilà des statistiques qui devraient gâcher les vacances des membres du gouvernement, en particulier celles du ministre du Travail, Tayeb Louh. Les chiffres donnent des frissons. La moitié de la population occupée, en Algérie, n'était pas affiliée à la sécurité sociale au 4e trimestre de l'année 2009, soit un taux de 50,4% de l'ensemble des occupés. C'est ce qu'a révélé une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), réalisée en 2009. « Sur les 9 472 000 occupés, enregistrés au 4e trimestre de l'année dernière (2009), 4 778 000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux », précise l'ONS dans son document repris hier par l'APS. L'étude en question, souligne l'ONS, a touché un échantillon de 15 104 ménages. C'est dans les zones rurales, note la même source, que le phénomène est plus répandu. « La proportion des occupés du monde rural qui ne sont pas affiliés à la sécurité sociale (60,1%) est beaucoup plus importante que celle des occupés de l'urbain (46,3) », précise l'ONS. Par catégories de travailleurs, l'Office relève que 69,1% des salariés non permanents et 80,1% des occupés indépendants ne sont pas affiliés à la ‘sécu', durant la même période. Par secteurs d'activités, l'enquête en question démontre aussi que 89% des occupés dans le domaine de l'agriculture et 79,8% dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) ne sont pas protégés par la sécurité sociale. « L'enquête a montré que la répartition des occupés dans le secteur privé fait ressortir que 77,1% des occupés déclarent ne pas être couverts par le régime de la sécurité sociale, soit plus de trois occupés sur quatre », souligne encore l'ONS. Selon la même étude, la non-couverture des occupés au régime de la sécurité sociale semble toucher l'ensemble des secteurs d'activité du privé, soit 91,5% de l'emploi privé agricole, 85% de l'emploi dans le BTP, 72,7% du commerce, 65,3% de l'emploi industriel et 63,5% de l'emploi dans le secteur des services. 15 millions d'Algériens sans travail Outre la déclaration à la sécurité sociale, l'ONS donne également des statistiques qui remettront en cause les chiffres du chômage en Algérie. Selon cet organisme, la population inactive, âgée de 15 ans et plus, a été estimée, en octobre 2009, à près de 15 millions de personnes. « La population inactive du moment, âgée de 15 ans et plus, est estimée à 14 909 000 personnes en octobre 2009. Plus de la moitié de cette population est constituée de femmes au foyer (51,7%), les étudiants et écoliers forment 25,4% et la catégorie des retraités et pensionnés 14,4% », explique l'ONS. Sur les 15 millions, 782 000 personnes, en âge d'activité économique (16-59 ans), n'ont même pas effectué des démarches pour chercher un emploi. « Car, elles estiment ne pas avoir une formation adéquate ou une expérience professionnelle », indique la même source, précisant que 530 000 personnes évoquent comme raison de non-recherche effective de travail le fait de « ne pas avoir réussi à en trouver par le passé ». « Ils sont 1 312 000 personnes en âge d'activité économique (382 000 hommes et 930 000 femmes) qui se situent dans le halo du chômage. Il s'agirait d'une frange appelée chômeurs découragés. Cette catégorie de population, retirée du marché de travail, est caractérisée par sa jeunesse (48,2% n'ont pas atteint 25 ans et 84% sont âgés de moins de 35 ans », mentionne l'ONS, en jetant ainsi un pavé dans la mare de la politique nationale de l'emploi.