Prévues pour les 16 et 17 avril, les deux journées de protestation décidées par la Coordination des syndicats des ports d'Algérie (CNSPA) ont étés gelées, suite à un accord intervenu avant-hier entre le syndicat et le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui. Les deux parties qui se sont rencontrées au siège du ministère des Transports en présence des secrétaires nationaux de l'UGTA, MM. Badredine et Bouzidi, ont convenu de « poursuivre la concertation et le dialogue sur toutes les questions soulevées » et « ont fixé un délai de deux mois pour aboutir à un programme de travail concerté », est-il indiqué dans le procès-verbal de réunion ayant sanctionné la rencontre. Comme il a été décidé également de « soumettre à l'arbitrage les points en désaccord éventuel », selon les termes de l'accord. Les deux parties « se sont félicitées du climat serein » qui a prévalu durant la rencontre. Le syndicat s'est engagé à geler les journées de protestation en contrepartie d'une poursuite « dans les meilleurs délais » du dialogue pour « une mise en œuvre concertée de tout nouveau dispositif » et ce, expliquent les deux parties, « afin d'éviter les perturbations des activités portuaires préjudiciables à l'économie nationale ». La Coordination des syndicats des 14 ports d'Algérie a réitéré, lors de la rencontre avec le ministre de tutelle, son refus de la mise en place des autorités portuaires instituées par le décret exécutif de 1999 ainsi que son refus de l'ouverture des activités de remorquage, de manutention et d'acconage prévue par le décret adopté par le gouvernement le 28 mars dernier. La CNSPA a, en outre, demandé la révision de certaines dispositions de la convention signée avec la Société de gestion et d'exploitation des terminaux marins à hydrocarbures (STH), filiale de Sonatrach, et créée en juillet dernier, au terme d'un protocole d'accord entre Sonatrach et les trois entreprises portuaires (Béjaïa, Skikda et Arzew). La STH est, pour rappel, dotée d'un capital social de un milliard de dinars, dont 60% des parts appartiennent au groupe Sonatrach, 20% à l'EP d'Arzew, 15% à l'EP de Skikda et 5% à l'EP de Béjaïa. Point jugé « non négociable » par les dockers, le CNSPA a réitéré au ministre de tutelle son refus des privatisations des ports. Pour sa part, le ministre des Transports, M. Maghlaoui, a rappelé lors des débats, selon le procès-verbal de réunion, le caractère public du domaine portuaire, et « la nécessité de dissocier les prérogatives de puissance publique des activités commerciales ». Le ministre a plaidé pour une meilleure gestion commerciale et d'exploitation des ports, à travers notamment un « partenariat efficace » et l'application des standards internationaux en la matière. M. Maghlaoui a, bien entendu, rassuré ses partenaires que l'option du gouvernement tiendra compte de la préservation de l'emploi et de « l'amélioration des performances ». Si le syndicat sursoit au débrayage envisagé, au terme de cet accord, et qui s'apparente plus à une « trêve », puisque les points de discorde ne sont pas encore aplanis, M. Driss, secrétaire général du Syndicat du port d'Alger, contacté par nos soins, a, quant à lui, réaffirmé « l'intransigeance » du syndicat quant au retrait du décret portant privatisation des ports. Forte de ses 15 000 travailleurs, la Coordination des syndicats des ports d'Algérie a, à plusieurs reprises, perturbé l'activité portuaire nationale en 2005. En décembre dernier, deux journées de grève ont été observées par les syndicalistes pour dire non à la privatisation.