Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a indiqué hier que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait bientôt parvenir à conclure un accord sur le déploiement de Casques bleus au Mali. Ce déploiement est toutefois conditionné par le feu vert du gouvernement malien qui, a-t-il dit, «hésite toujours». Outre l'accord des autorités maliennes, l'envoi d'une force de maintien de la paix au Mali nécessite une résolution du Conseil de sécurité. Le nombre de Casques bleus qui seront concernés par cette opération pourrait atteindre environ les 6000. Ce chiffre dépendra toutefois de celui des forces de la Mission internationale de soutien (Misma) censée compter 8000 soldats à terme. Une présence aussi massive de Casques bleus pourrait assurément aider à stabiliser l'Azawad. En attendant la concrétisation de ce déploiement, les responsables de l'ONU se disent redouter une spirale de «violence catastrophique» au Mali. Gao, la plus grande ville du nord du pays avec Kidal, a déjà été le théâtre ces derniers jours de violences de la part des groupes islamistes armés qui ont réussi à s'y infiltrer. Les djihadistes ont reçu le soutien d'Al Qaîda dans la péninsule arabique (AQPA), basée au Yémen, qui a qualifié «la croisade contre l'islam» menée par la France de «déclaration de guerre contre l'islam et les musulmans». C'est d'ailleurs dans cette ville, située à 1200 km au nord-est de Bamako, qu'ont eu lieu vendredi et samedi derniers les premiers attentats-suicide de l'histoire du Mali. Les deux attentats-suicide contre l'armée malienne à un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao et les affrontements de dimanche sont dus au Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Preuve sans doute que la reprise en main du Nord du Mali ne sera pas une partie de plaisir, l'armée française a, indique-t-on, désamorcé hier matin une bombe artisanale composée de 600 kilos d'explosifs dans le centre de la ville. Pour renforcer les capacités de l'armée malienne et l'aider justement à faire face aux groupes terroristes armés, la Russie compte bientôt envoyer une nouvelle cargaison d'armes à feu à Bamako. La dernière livraison a été effectuée il y a deux semaines. «Des négociations sur des livraisons supplémentaires en petites quantités sont en cours», a déclaré à ce propos Anatoli Issaïkine, le directeur de l'agence publique russe chargée des exportations d'armes Rosoboronexport. Au plan humanitaire, la situation au Nord du Mali reste des plus inquiétantes. Les civils y sont exposés aux pires dangers. Devant cet état de fait, la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a lancé mardi un appel solennel à tous les protagonistes du conflit pour qu'ils «empêchent les représailles». Le Conseil de sécurité a, rappelle-t-on, tenu mardi un débat sur la protection des civils dans les zones de conflit armé, relevant que cette obligation n'incombe pas seulement aux parties au conflit, mais à l'ensemble de la communauté internationale, tout en appelant à résoudre la question de la circulation des armes. Lors de son intervention, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé que 4 millions de personnes avaient un besoin urgent d'assistance humanitaire, que 2 millions avaient dû fuir leur foyer et que la violence sexuelle représentait une menace constante. Il s'est tout particulièrement inquiété de la gravité de la situation en Syrie, avant de citer une dizaine de pays, dont le Mali, dans lesquels les civils continuent de souffrir parce que les parties concernées ne font pas face à leurs responsabilités et obligations.