Le Conseil de sécurité redoute une spirale de « violence » au Mali. Navi Pillay, la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, demande à tous les protagonistes d'« empêcher les représailles ». « Les attaques et les ripostes risquent d'entraîner le Mali dans une spirale de violence catastrophique », dit-elle devant l'instance suprême des Nations unies, réunie pour débattre de la protection des civils dans les conflits armés. Des associations de défense des droits de l'Homme, comme Human Rights Watch, accusent les troupes gouvernementales maliennes de s'en prendre aux civils d'origine arabe ou targuie, sous prétexte de « liens » avec les terroristes. Comme solution, le Conseil préconise un déploiement de 6.000 Casques bleus. Et ce, pour « coiffer » les 8.000 soldats de la Mission internationale de soutien et pour superviser les élections prévues, au plus tard, le 31 juillet, censées rétablir un pouvoir civil démocratiquement élu. Selon Hervé Ladsous, SG adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, un accord entre les Quinze pourrait être trouvé dans « deux à trois semaines ». Bamako, qui vient de recevoir des armes à feu russes, « hésite toujours » à donner son feu vert à ce déploiement qui ne pourrait se faire, selon Jan Eliasson, le vice-SG de l'ONU, que « quand la phase des combats aura pris fin ». Elle craint, selon les analystes, qu'un tel déploiement n'entérine une partition de fait du pays, comme ce fut le cas au Soudan. « Il faut s'assurer que ce ne sera pas une force d'interposition, mais que ce sera une force internationale sous drapeau onusien, pour permettre au Mali, non seulement de recouvrer l'intégrité du territoire national, mais de sécuriser le territoire national. Donc, la discussion autour du mandat est une étape importante », explique Tiébilé Dramé, l'ancien ministre malien des Affaires étrangères. Certains pays craignent un remake de ce « que nous avons vu en Irak ou en Afghanistan », dixit John Baird, le chef de la diplomatie canadienne répétant à l'envi son refus d'envoyer des troupes de combat au Mali. D'autres, comme Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, se demandent pourquoi la France combat au Mali « ceux qu'elle a armés en Libye contre le régime de Kadhafi, en violant l'embargo du Conseil de sécurité de l'ONU ». Sur le terrain, l'armée française a découvert, hier, dans le centre de Gao où ont eu lieu, vendredi et samedi derniers, les premiers attentats-suicides de l'histoire du Mali, non loin d'un hôtel Askias où logent des dizaines de journalistes étrangers, un dépôt contenant 300 à 400 kilos d'explosifs, des obus et des munitions. Cet arsenal appartiendrait aux terroristes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'ouest (Mujao). Entre l'armée malienne et le Mouvement national de libération de l'Azawad, les relations, déjà tendues, s'exacerbent. Notamment, après que Bamako ait accusé 24 membres de ce mouvement de terrorisme, de sédition, d'atteinte à l'intégrité territoriale de l'Etat, de crimes à caractère racial, régionaliste et religieux, ou encore, de trafic international de drogue.