Les tractations sur le choix du futur Premier ministre tunisien se poursuivaient hier, le parti islamiste Ennahda au pouvoir n'ayant pas encore trouvé de successeur à Hamadi Jebali, dont la démission a aggravé la crise politique. Ennahda envisage de convoquer son instance consultative, le majliss al choura, «pour trancher» si l'exécutif du parti ne parvient pas à s'entendre sur un candidat au poste de Premier ministre, a indiqué l'un de ses chefs, Houcine Jaziri. Le Premier ministre sortant a démissionné mardi après le rejet par son propre parti de l'idée d'un cabinet de technocrates, avancée le 6 février, le jour de l'assassinat de l'opposant de gauche et acerbe critique des islamistes, Chokri Belaïd, qui a aggravé la crise politique dans le pays. Mais il a laissé la porte entrouverte à sa reconduction en exigeant toutefois la fixation d'une date pour les élections générales et la formation d'un cabinet qui ne fasse pas l'objet de tiraillements politiques. Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a souligné mercredi que le pays avait besoin de se doter rapidement d'un gouvernement et dit espérer sa formation cette semaine. Avec 89 députés à l'Assemblée nationale constituante (ANC), Ennahda peut avoir assez facilement une coalition de 109 élus sur 217 pour faire approuver le cabinet mais le parti tente de trouver un consensus le plus large possible. Dans l'opposition, le camp favorable à une reconduction de Jebali ne cesse de se renforcer d'autant plus que son idée de cabinet formé de technocrates trouve un écho favorable chez ceux qui veulent retirer à Ennahda les ministères régaliens et notamment celui de l'Intérieur.