Notre confrère Al Khabar, dans un article en ouverture de la page une de son édition de jeudi dernier, interpelle la classe politique algérienne, lui demandant de sortir de son silence et de s'exprimer sur la situation du pays. Un appel qui vient du cœur et qui exprime les attentes de tous les Algériens. En effet, la situation se dégrade de plus en plus en Algérie. «Le clan», comme l'a appelé Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie, et dont il fait partie, a mis le pays en coupe réglée. Jamais la corruption n'a autant fait de ravage depuis l'entrée du pays dans le troisième millénaire. Les institutions ont été piétinées et réduites à néant au point qu'un individu comme Amar Saïdani, dont le nom a été cité dans l'affaire de détournements de fonds de la Générale de concession agricole, a été désigné par Bouteflika à la tête de l'APN, laquelle à sa création au lendemain de l'indépendance a été présidée par le prestigieux Ferhat Abbas. Même l'affaire d'In Amenas, qui aurait dû créer un élan patriotique et une solidarité sans faille, derrière l'Armée nationale populaire, n'a pas ému la classe politique.Dans un pays normal, tous ceux qui ont été à un moment ou à un autre dans les hautes sphères de l'Etat interviennent dans les débats dans les moments cruciaux d'une nation. Les anciens présidents de la République observent un silence incompréhensible. Le président Liamine Zeroual, un homme très respecté et aimé par le peuple algérien et qui a introduit la première Constitution du Monde arabe limitant le mandat présidentiel, n'a pas dit mot quand cette Loi fondamentale a été honteusement piétinée par son successeur. Pourtant, il représente une force morale indiscutable. Si toutes les grandes figures nationales s'étaient impliquées dans l'arène politique, un Chakib Khelil n'aurait pas géré l'immense richesse nationale comme s'il s'agissait de sa propriété, il a été désigné d'ailleurs à cette fin, un Mohamed Bedjaoui n'aurait pas déshonoré toute sa carrière en s'alliant avec la mafia internationale, un Abdelhamid Temmar n'aurait pas bradé impunément de nombreuses entreprises publiques. Malheureusement, l'initiative et le terrain ont été laissés au maître du moment et à sa famille. Par leur faute, l'Algérie a régressé dans tous les domaines. Le pays, qui était la fierté du Tiers-Monde, est devenu un Etat de non-droit et a perdu toute respectabilité. Les Ben M'hidi, Abane Ramdane, Didouche Mourad et tous nos héros doivent se retourner dans leurs tombes. Et le sursaut salvateur n'arrive toujours pas.