Les unités de fabrication de détergents (poudre et liquide) du groupe Henkel-Algérie de Chelghoum Laïd dans la wilaya de Mila et de Aïn Témouchent connaissent un brusque coup d'arrêt. Les programmes de production tracés sont contrariés, ces derniers mois, par une rupture de stock de matières premières de base entrant dans le processus de fabrication des détergents des différentes formules (poudre et liquide). C'est le cas surtout des sites de Chelghoum Laïd et Réghaïa, approvisionnés en acide sulfonique (un produit stratégique) à partir de la nouvelle unité de Aïn Témouchent. L'acquisition au prix fort chez un fournisseur privé de cet intrant, disponible seulement en quantités ne répondant pas aux importants besoins de l'entreprise, s'est avérée un pis-aller. Le ralentissement, voire l'interruption de l'activité qui menace également l'unité de Réghaïa résulte du niet catégorique, mais «informel», de la direction de l'énergie et des mines de Aïn Témouchent d'accorder l'autorisation aux transferts intersites de matières premières non dangereuses et semi-finies. Refus informel dans la mesure où le premier responsable de cette institution s'est, à chaque fois, retranché derrière des injonctions verbales pour signifier son opposition à la délivrance dudit document, allant jusqu'à refuser de prendre acte de courriers officiels et d'un procès-verbal notifié par huissier de justice. «Or, force est de constater que si la législation algérienne a prévu des dispositions sécuritaires particulières (convoyage et escorte) de produits classés dangereux, à l'instar de l'acide sulfonique, il n'existe aucune interdiction concernant la libre circulation de matières non sensibles», martèlent les responsables de Henkel. Malaise social «L'immobilisation pour cause d'impossibilité d'acheminement des stocks de sulfate bleu de Aïn Témouchent vers Chelghoum Laïd et vice-versa pour le carbonate de soude, illustre pourtant cet état de fait», affirment les mêmes responsables. «Pour le seul mois de février, l'usine implantée à Chelghoum Laïd a enregistré une perte de onze jours d'arrêt de la production entre le 9 et le 19 février. Les arrêts partiels de la production se multiplient depuis quelque temps, créant au passage un profond malaise parmi le collectif des salariés. Et si cette récession qui ne dit pas son nom perdure, c'est la menace directe de perte de près d'un millier de postes d'emploi directs et autant indirects au niveau des trois unités», avertissent nos interlocuteurs. Et de poursuivre : «Selon les explications de Henkel-Algérie, il s'agit d'une mauvaise interprétation de la part du secteur de l'énergie et des mines de cette wilaya de l'Ouest, concernant les textes régissant les modalités de transport et de transfert de matières premières non sensibles et de produits semi-finis, qui a conduit à cette impasse». Des ouvriers activant au niveau de l'unité de Chelghoum Laïd redoutent au plus haut point le spectre de la fermeture pour raison de chômage technique. «A l'heure qu'il est, les travailleurs sont astreints par l'employeur à la consommation de leurs reliquats de congé et des journées de récupération dues. Mais après cela, rien ne dit qu'on ne va pas nous mettre dehors», déplorent-ils.