La galerie d'art Ahmed Issiakhem est rouverte à nouveau au public après treize longues années de fermeture injustifiée. Pour l'évènement, cette grande salle illuminée, bien située, - à la place des Martyrs-, abrite une exposition collective depuis mercredi dernier, et jusqu'au 28 du mois en cours, avec la participation d'une vingtaine d'artistes plasticiens constantinois qui ont exposé deux tableaux chacun. Citons à titre non exhaustif, Mohamed-Salah Ghemired, Amar Allalouche, Karim Dellouche, Farida Benmahmoud, Mimia Lichani, Latifa Boulfoul, Yasmine Saâdoune, Souheila Mellari, Badis Bendilmi…(toutes nos excuses aux autres artistes). «C'est une véritable résurrection pour nous ; j'ai vu que les artistes étaient sincèrement heureux mercredi lors du vernissage», s'enthousiasme Mimia Lichani. «C'est un acquis pour les artistes et le public ; regardez, les gens entrent spontanément ici», renchérit Latifa Boulfoul. Il faut insister sur le fait que les artistes plasticiens s'étaient longtemps contentés du hall lugubre et inapproprié de la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa. L'on évoque souvent «l'inculture» des gens, leur absence d'intérêt pour l'art, mais qu'a-t-on fait pour l'ancrage de cette culture ? La plupart des artistes que nous avons rencontrés jeudi à la galerie ont déploré l'inexistence, à Constantine, d'un marché de l'art. «Comment voulez-vous qu'on achète du matériel pour peindre si nous ne vendons pas nos œuvres ? Nous ne parlons même pas du public, car même les institutions ne jouent pas le jeu, il n'y a qu'à voir leurs sièges ils sont ornés d'œuvres étrangères, de copies, ou carrément de pacotille», se désolent quelques artistes. Pourtant, beaucoup de nos artistes détiennent un talent réel, qui reste le plus souvent méconnu. N'omettons pas de signaler que l'initiative de cette exposition revient à Djoudi Hocine, avec l'accord bienveillant du directeur de la culture. Espérons que cette galerie sera toujours un abri douillet pour la création artistique.