Arafat Jaradat, âgé de 30 ans seulement, est mort samedi dans la prison israélienne de Megiddo, au nord de l'Etat hébreu. Ghaza De notre correspondant Arrêté depuis 6 jours, il serait mort d'une crise cardiaque, selon les autorités pénitentiaires israéliennes. Le jeune Arafat a dû subir un interrogatoire musclé pendant plus de 4 jours dans le centre de détention d'Al Jalama, puisqu'il s'est plaint devant le juge de douleurs en différents endroits du corps. Le juge, qui a prolongé de 12 jours sa détention, avait demandé d'ailleurs qu'il soit examiné par un médecin. Des sources israéliennes ont prétendu que l'examen du jeune détenu n'a révélé aucun problème de santé et que son interrogatoire pouvait se poursuivre. Le ministère palestinien des Affaires des prisonniers, présidé par Salam Fayad, a affirmé, de son côté, que Jaradat a été torturé physiquement durant de longues heures dans le centre de détention d'Al Jalama. Le gouvernement palestinien a ainsi accusé les autorités israéliennes d'être responsables de sa mort et a appelé à la constitution immédiate d'une commission internationale pour déterminer les véritables causes de sa mort. Kamil Sabagh, avocat du ministère palestinien des Affaires des prisonniers et des libérés, avait assisté à l'audience du 21 février. «A mon entrée dans la salle d'audience, Arafat Jaradat était assis sur une chaise en bois et semblait très fatigué. Lorsque je me suis approché de lui, il m'a révélé qu'il souffrait de grosses douleurs au dos et ailleurs après avoir été passé à tabac et forcé à rester assis de longues heures, de manière inconfortable sur une courte chaise en bois, par les agents sécuritaires chargés de son interrogatoire», a témoigné l'avocat Kamil Sabagh. «Lorsqu'il a su que le juge allait prolonger sa détention, des signes d'une grande frayeur sont apparus sur son visage», a ajouté son avocat. Me Sabagh a affirmé avoir soutenu devant le juge que la situation psychologique et physique du prisonnier Jaradat était très mauvaise à cause des tortures qu'il avait subies. Mais cela n'a pas empêché le juge de prolonger sa détention d'une douzaine de jours. L'épouse ainsi que la famille du jeune Arafat, arrêté pour «appartenance au Fatah et jets de pierres contre des soldats israéliens», ont affirmé qu'il ne souffrait d'aucune maladie et mis en doute la cause de sa mort avancée par les autorités israéliennes. Il laisse derrière lui une femme enceinte de 5 mois et deux enfants dont Yara, l'aînée, est âgée de trois ans seulement. La colère gronde en Palestine occupée La mort du jeune Arafat Jaradat a ravivé la colère des Palestiniens contre l'occupant israélien, et contre les méthodes inhumaines qu'il emploie contre les milliers de prisonniers détenus injustement depuis des années dans ses prisons. Le drame de la mort de ce jeune père de famille intervient alors que l'affaire des prisonniers en grève de la faim, à leur tête Samer Al Issawi qui jeûne depuis 216 jours et dont l'état de santé est en continuelle dégradation, n'est pas encore close. A l'annonce de sa mort, des manifestations populaires spontanées se sont déroulées dans presque toute la Cisjordanie, surtout dans la région d'El Khalil, d'où est originaire Arafat Jaradat. Les manifestations et les heurts avec les soldats d'occupation israélienne se sont poursuivis hier alors que la dépouille du martyr n'avait pas été encore remise à sa famille. De leur côté, les prisonniers palestiniens détenus en Israël, au nombre de 4700, ont refusé de s'alimenter hier en signe de protestation. La mort du jeune Arafat continue de susciter des réactions à tous les niveaux en Palestine. Dans une tentative de calmer la rue palestinienne, le Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahu, a promis de libérer le montant des taxes et droits de douanes prélevés sur les marchandises palestiniennes transitant par les ports et les aéroports israéliens. Cette initiative, qualifiée de «honteuse» par la rue palestinienne, n'a pas permis de ramener le calme. Face à cette situation, Binyamin Netanyahu a demandé à l'Autorité palestinienne –il fait tout pour l'affaiblir – de contrôler les manifestations populaires et d'empêcher les heurts avec les soldats israéliens. La politique non payante, d'ailleurs, du bâton et de la carotte semble une des constantes de Netanyahou, bien que l'expérience ait montré que le peuple palestinien est prêt à tous les sacrifices lorsqu'il s'agit de sa dignité.