Le Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), en collaboration avec l'Union des écrivains algériens, a programmé hier, au siège de l'UEA, une rencontre ayant pour thématique «Le livre algérien, situation et horizons». Une rencontre qui a vite dévié en conférence de presse où les conférenciers, tous membres du SNEL, n'ont pas mâché leurs mots pour dénoncer certains problèmes auxquels ils sont confrontés. D'emblée, le président du SNEL et directeur des éditions Hikma, Ahmed Madi, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour affirmer que, bien que l'Etat ait débloqué un budget conséquent pour le livre, il n'en demeure pas moins que ce sont toujours les mêmes éditeurs qui bénéficient de privilèges. Ils sont une dizaine, selon notre interlocuteur, à avoir décroché de juteux marchés lors du Panaf' en 2009, de Tlemcen, capitale de la culture islamique et à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. «C'est toujours le même clan qui est sollicité pour travailler», lance-t-il devant une assistance nombreuse. Le conférencier indique que les portes du ministère leur sont fermées. Trois correspondances avec accusé de réception ont été envoyées au département de Khalida Toumi en l'espace d'une année, mais sans aucun retour. «Nous voulons que le ministère nous reçoive afin d'exposer nos problèmes. Ce mépris de la part du ministère s'est développé en une hogra. Le ministère de la Culture n'appartient pas uniquement à ces privilégiés. Nous aussi, nous y avons droit. Si nous nous sommes tus jusqu'à présent, c'est que nous sommes des fils de famille, respectueux des lois de la République. Nous avons été patients et sages durant un an.» Ahmed Madi indique que le SNEL a caressé le rêve d'organiser un salon maghrébin du livre. Un projet qui a été soumis au ministère sans aucun répondant. Poussant plus loin son argumentaire, le président du SNEL rappelle que neuf salons ont été organisés avec zéro budget. «Quel est l'intérêt d'un Salon international du livre d'Alger qui a nécessité une bagatelle de 23 milliards ?», s'interroge-t-il. Autre problème soulevé : la création du Centre national du livre. Pour rappel, le statut de ce centre a été adopté par décret exécutif n°09-202 du 27 mai 2009. Le 10 mai 2010, un arrêté ministériel a été promulgué afin de fixer l'organisation interne dudit centre. Un centre, de l'avis de l'éditeur Ahmed Boudermil, qui a édité 3 millions de livres sans cahier des charges. «Il n' y a pas eu l'installation d'un conseil d'administration comme le stipule la loi. Il s'agit d'un projet de loi qui n'a pas été consulté par le ministère.» A l'issue de cette conférence, le président du SNEL a annoncé qu'une lettre sera adressée au président de la République et au chef du gouvernement… suivie d'un sit-in.