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Que cherche le FLN ? Un SG ou un MC (*)
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Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2013

Ce qui arrive au FLN est arrivé parce que ses dirigeants n'ont jamais placé l'intérêt supérieur du pays au-dessus des intérêts personnels.
Pour donner une idée de ce qui se passe au FLN, je renvoie le lecteur à l'œuvre de Charles Perrault, Le maître chat. Charles Perrault raconte l'histoire d'un chat qui utilise la ruse, la tromperie, le vol, la menace et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d'une princesse à son maître mal né et sans le sou.
Ce chat était le seul héritage d'un jeune homme pauvre. Cet animal n'hésite pas à mentir au roi, à manipuler l'ogre et à corrompre les paysans pour faciliter l'ascension sociale de son maître, afin de pouvoir vivre lui-même oisivement par la suite. Ce chat est l'incarnation du secrétaire éduqué, servant son maître avec dévotion et diligence. Il fait preuve d'une politesse et de manières suffisantes pour émouvoir le roi. Enfin, la carrière du maître de ce chat est couronnée par son titre de «grand seigneur».
Charles Perrault nous enseigne deux morales : la première louant l'importance du travail et du savoir-faire, la seconde vantant l'importance de l'apparence et de la jeunesse pour attirer une princesse. Les bouffons, dans la comédie politique «Moi et les autres contre Belkhadem», rabaissent le niveau politique de notre pays dans le monde. Ils ne reflètent ni la grandeur de la Révolution algérienne ni les historiques comme feu Abderrezak Bouhara. Ils nous font penser à l'homme sans qualité de Robert Musil, «un chien de race, s'il cherche sa place sous la table à manger sans se laisser détourner par les coups de pied, ce n'est point par bassesse de chien, mais par attachement et fidélité. Et dans la vie, ceux-là mêmes qui calculent froidement n'ont pas la moitié du succès qu'obtiennent les esprits bien dosés, capables d'éprouver, pour les êtres et les relations qui leur sont profitables, des sentiments vraiment profonds».
En contraste, les grands hommes du FLN, compagnons de Bouhara, comme Kaïd Ahmed, Mohamed Salah Yahiaoui et d'autres, se retirent pour éviter l'enfer à leur peuple. Ils font partie des sages de ce pays qui ont bien compris le jeu politique. Ils nous disent qu'il n'est ni nécessaire de chanter notre passé lointain ni de pleurer notre présent amer. Leur conclusion était brillante : «Il est plus important pour nous de voir dans la direction de notre avenir.» Ces hommes méritent une haute considération et un respect de valeur.
Ils ont bien compris qu'il n'est plus nécessaire de chercher les coupables qui ont causé ce que nous avons vécu pour une simple raison : ils savaient que les condamnables, les victimes et les juges sont parmi nous.
Nous sommes en 1994, dans un centre universitaire. Je distribue les feuilles d'examen. C'est un examen de thermodynamique sur le sujet de l'énergie de désordre dans un système isolé. Le système isolé est une partie d'un espace qui simule l'enfer. La question n'est pas facile. Démontrez que la température et le désordre dans l'enfer sont en perpétuelle élévation. Les étudiants ont appris, dans le cours, que le désordre augmente dans un système isolé et provoque son explosion.
A cette époque, le centre universitaire rayonnait de l'enfer du terrorisme et Belkhadem n'était plus président de l'Assemblée populaire nationale. Il était tout simplement chez lui ou au siège du FLN, dans un environnement de plus en plus isolé. Après l'examen, un de mes étudiants, médiocre en technologie mais très actif dans le mouvement politique estudiantin, me demande de lui parler du métier de politicien chez nous.
Cet étudiant était fasciné par les combines du maître chat. Il voulait tout simplement suivre son chemin pour percer dans le système isolé. Je lui réponds d'une manière trop simple en disant : d'après Scarron, «la vie de comique n'est pas si heureuse qu'elle le paraît». Mon expérience avec les politiciens me permet de conclure que la vie politique n'est pas si sérieuse qu'elle le paraît. Chez nous, les futurs politiciens comme vous, ou les instruits comme votre professeur de terminologie, voient les querelles politiques d'une certaine apparence.
Une apparence à laquelle je ne voudrais pas rester attaché. Ils commencent toujours par examiner les formes extérieures d'un problème politique et oublient la source qui cause ce problème.
Aujourd'hui, la politique a pris une autre forme. Les politiciens de fortune et les pseudo-héros qui, peut-être, suivaient le déroulement des guerres oublient que Abderrezak Bouhara était responsable du commandement de la Brigade algérienne en mission en Egypte lors de la guerre israélo-arabe de 1967. L'éducation enseigne aux enfants de bonne graine le respect des hommes historiques. Elle leur apprend à ne pas se mesurer aux grands quand leur maigre curriculum vitæ mentionne qu'ils n'étaient rien et pas du tout, lorsque Abderrezak Bouhara était compagnon des présidents Ben Bella et Houari Boumediène en 1962. L'ironie de l'histoire est frappante si l'information diffusée, il y a presque deux ans, est correcte.
La presse nous informa, en mars 2010, qu'Abdelaziz Belkhadem avait désigné le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens, Mohamed Alioui à la tête de la commission de préparation des festivités du 56e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Cette décision a surpris de nombreux militants et militantes du parti historique qui pensaient voir l'homme historique Abderrezak Bouhara à la tête de cette commission.
Cette décision avait affecté M. Bouhara. La franchise du moudjahid obligea ce dernier à dire : «Si Alioui était un moudjahid, j'aurais accepté cette décision.» L'adage algérien est bien appliqué au sein du FLN : «Le chaton apprend à son père les acrobaties.» En 1969, Abdelaziz m'avait appris comment couper les vers d'une poésie arabe, quand j'étais collégien.
C'est la seule chose qui me vient à l'esprit quand je le vois gouverner. Maintenant, je lui conseille de revoir ses leçons de solfège : «Celui qui va de désillusion en désillusion, depuis 2003, n'a plus rien à prouver dans un FLN rongé par des opportunistes, broyeurs des consciences et assassins de la raison. Puisque le FLN n'est plus le FLN historique, après votre départ, une chose est certaine : les broyeurs vont rebouter leur colère contre votre successeur.» Rebouter est un acte politique légal chez nos comédiens. Inutile de rappeler aux broyeurs les paroles de Chérif Messaâdia à la Coupole, en 1983, en présence du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelhak Brerhi :
«Les absolutistes sous le burnous du FLN ont chassé les jeunes intellectuels de leur patrie.»
Certains jeunes diplômés ont plié bagage après avoir lu le passage de Balzac : «La patrie, comme le visage d'une mère, n'effraie jamais un enfant.» Les autres ont plié bagage quand ils ont entendu les médiocres dire «bon débarras !» à leurs copains qui ont quitté le pays malgré eux.
La comédie politique qui se joue ces jours-ci dans le théâtre FLN est l'image du sérieux politique chez nous. Au lieu de démontrer leur compétence par des bons points comme les écoliers studieux, certains militants de haut rang du parti de Belkhadem utilisent les bons «poings» pour exceller leur bonne éducation.
Les boxeurs de ce parti ignorent qu'au Guatemala, non seulement le président de la République sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction, mais qu'en plus, à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction. Si l'âge le leur permet, je demande aux boxeurs de se diriger vers le Guatemala pour un stage de courte durée, pour un recyclage politique afin d'appliquer l'ABC du respect et de la politesse chez nous.
Belkhadem parti, la vérité s'exclamera à haute voix. Elle dit tout simplement «il est parti comme ses prédécesseurs» ! Partir, c'est beau. Où partir est une devinette. Abdelaziz va deviner cette devinette.
Mais l'autre Abdelaziz ne peut plus lui dire, comme Honoré de Balzac : «Allons, revenez près de moi, je le veux.» Certainement, il va dire comme tous les autres acteurs qui jouent la politique, «bon débarras !». L'Algérie marchera beaucoup mieux sans vous.
Le bon débarras politique n'est pas typique au système du FLN puisque G. Thuillier généralise ce principe : «Tout système, quel qu'il soit, est cruel. Il est obligé de mépriser les individus, les idées, d'établir et maintenir une unité fictive, d'assurer la police des tendances ; la survie est à ce prix et les dégâts sont souvent considérables. Le système broie les individus, les asservit, élimine — pour survivre — les faibles, les inadaptés, les non-conformes, les belles âmes, les doctrinaires, les inutiles.» Qui dit mieux que Thuillier ? Certainement pas les huit ministres qui sont contre Belkhadem.
Des ministres dont la majorité tend vers un clan bien connu.
A considérer le FLN, dans son histoire après l'indépendance, comme le lieu où se nouent des formes de relations bien déterminées et où se jouent les coups bas pour le pouvoir, on se rend compte très vite de la réalité politique dans notre cher pays. Un ami, du type FLN ancien modèle, me file une information ; il demande à un vieux routier silencieux : «Quel est votre candidat pour le poste de secrétaire général du FLN ? "Tous sauf Belkhadem." Pourquoi ? "Il pratique le jeu du caméléon politiquement et idéologiquement." Il continue : "Au lieu de Belkhadem, je préfère un rusé ayant le sens de la réalité algérienne." Qui est ce rusé ? Celui qui se tait quand ça ne va pas dans son parti. Il continue : "Belkhadem est arrivé à la tête du FLN dans un bateau à voile poussé par un vent redresseur mené, en 2003, contre Ali Benflis." C'est au 8e Congrès, en 2003, après sa phrase historique. Aucune légitimité ne peut être acquise si nous ne pouvons faire adhérer à notre démarche le concours de l'élite de ce pays», que ce dernier ait été limogé au profit de Abdelaziz Belkhadem. Dix ans après, les youyous de nos femmes politiciennes obligent Abdelaziz à mener sa barque sur un oued calme ou moins agité, vers la sortie du FLN. Oued Morra, non loin d'Aflou, ou Sougueur peut-être, une bonne rade pour une barque affaiblie par les tempêtes politiques inutiles.
En conclusion : le peuple se rappelle bien de l'histoire de sa Révolution. Il sait comment le FLN est né. Il sait aussi comment Abane Ramdane est arrivé, par son génie nationaliste, à regrouper et unir au sein du FLN l'ensemble des courants politiques pour lutter contre l'occupation française. Aujourd'hui, les responsables du FLN sont incapables de faire la distinction entre un secrétaire général et un maître chat.
La bataille sale et le jeu politique dégoûtant ne doivent plus exister dans un pays déchiré par les discordes politiques. Un très beau pays où les jeunes cherchent avec sincérité le chemin de la stabilité et du modernisme dans la paix et la fraternité.
Que Dieu protège notre beau pays du maître chat et des opportunistes assoiffés.
* Maître chat, œuvre de Charles Perrault


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