Pour parvenir à fédérer les membres de la «famille», on parle du retour au bercail d'anciens cadres. Le mouvement de redressement du FLN tiendra son congrès avant la célébration du 42e anniversaire de la Fête de l'indépendance, indique une source proche du mouvement. D'ores et déjà, des instructions fermes ont été données aux coordinateurs des 48 wilayas pour veiller à une meilleure préparation du congrès, tant sur le plan humain que technique. Pour une tenue, sans heurts, de ces assises, un intérêt particulier a été donné à la confection des listes des congressistes. Une mesure préventive connue chez le vieux parti et dont l'objectif est d'éviter les «surprises» de dernière minute. Pour sa part, Abdelaziz Belkhadem qui vient d'annoncer la création d'une commission nationale pour la préparation du congrès de redressement, est partisan d'un congrès «rassembleur de tous les militants sans discrimination ou exclusion». Dans cet esprit, et pour parvenir à fédérer les membres de la «famille» on parle du retour au bercail d'anciens cadres, dont l'orientation politique s'adapte parfaitement à la démarche reconcilliatrice du chef de l'Etat. Il s'agit d'Abdelhamid Mehri et d'Abderezak Bouhara, connus pour leur droiture et leur expérience politique, estime-t-on dans le mouvement de redressement. «Chassé» du FLN en février 1996, au terme d'un «coup d'Etat scientifique», M.Mehri, patron du FLN de 1989 à 1996, est aujourd'hui présenté comme étant «l'homme de la situation», celui qui servirait de trait d'union entre les deux ailes rivales du FLN. Une tentative qui, rappelons-le, avait déjà échoué en raison du refus d'Ali Benflis de se joindre à un mouvement qu'il avait, alors qualifié d'«illégal». Celui à qui l'on avait reproché d'être allé «trop loin dans l'opposition» en cosignant le contrat de Rome avec les dirigeants de l'ex-FIS en janvier 1995, pourrait se retrouver nez-à-nez avec ses détracteurs d'hier dans son initiative de remettre de l'ordre au sein du FLN. Quant à Abderrezak Bouhara, historique du FLN, de surcroît initiateur de ce qu'on appelle aujourd'hui «la troisième voie», celle du rassemblement, il est pressenti pour être le nouveau patron du parti. Sa formation de médecin, indique un cadre influent du FLN, lui permettra de «faire le diagnostic et de définir le remède pour venir à bout du mal qui ronge le parti depuis plusieurs années». D'ailleurs, les déclarations des deux hommes à la presse nationale, s'exprimant en faveur de l'unification des rangs, dénotent «leur sagesse et leur sens de la responsabilité», affirment des militants de base du parti. Le FLN, qui, rappelons-le, avait connu une véritable érosion dans ses structures, depuis qu'il s'est scindé en éradicateurs-réconciliateurs et/ou conservateurs-réformateurs, est désormais persuadé que la réconciliation commence par la réforme de ses structures et le rappel de ses compétences. Les anciens cadres du parti, longtemps effacés des tablettes du comité central, pourraient à la faveur de la nouvelle donne électorale, répondre à l'appel de l'union, estiment certains observateurs au fait des affaires du FLN. Ce dernier, qui, après avoir géré le pays durant trois décennies, s'est essayé à l'opposition au début des années 1990, s'est enfin retrouvé dans «la maison de l'obéissance» selon la formule d'Abdelhamid Mehri. C'est justement là le tort d'Ali Benflis qui, lors de la tenue du 8e congrès du FLN, avait prôné l'autonomie du parti, pour, en fin de compte, l'utiliser comme cheval de bataille politique à l'occasion de la dernière élection présidentielle.