Les registres légaux et autres contrats de travail les qualifient de «travailleurs mis à disposition». Une désignation péjorative qui signifie tout simplement que le salarié n'est pas recruté directement par l'entreprise au sein de laquelle il exerce, mais par une entreprise qui le «sous-loue» à la première et que ledit travailleur ne peut en aucun cas bénéficier des mêmes avantages socioprofessionnels. BAAT, Flash Services, OSCO et EMS El Feth sont les grands noms de la sous-traitance ayant pignon sur rue à Hassi Messaoud, des agences qui continuent à exister malgré les fameuses mesures de protection des travailleurs et de respect de la législation du travail en matière de recrutement de la main-d'œuvre, décidées par le conseil du gouvernement du 4 mars 2003 stipulant notamment le gel des activités des agences de placement des travailleurs sous le code 607-011 du registre du commerce. Les différents collectifs de travailleurs constitués ces dernières années n'ont eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme concernant la précarité de leur situation professionnelle. Cette lutte acharnée pour le respect de la législation du travail en vigueur concerne donc l'écart considérable entre les salaires de base du personnel organique et le personnel mis à disposition, une série de grèves du travail et de la faim se sont succédé au niveau des champs pétroliers, dont la plus retentissante a été celle des travailleurs sous-traités d'OSCO et BAAT du champ de Bir Rebaa Nord travaillant pour le compte du groupement Sonatrach-AGIP en 2011. Leurs requêtes concernaient l'indexation de l'indemnité de zone calculée sur le SNMG avec effet rétroactif, l'augmentation du salaire de base à l'instar des autres secteurs d'activité, l'indexation de l'indemnité d'expérience professionnelle, le calcul de prime de nuisance sur le nouveau salaire de base, la permanisation au sein du groupement Sonatrach, le droit à la formation, à la promotion et la prise en charge totale lors des accidents du travail et maladies professionnelles. Cette grève avait suscité un début de prise en charge du dossier de la sous-traitance de la part de la direction centrale de la gestion des associations de Sonatrach qui a incité, en date du 24 mais 2011, l'ensemble des directeurs généraux de ses filiales ainsi que les administrateurs des groupements et OOC Sonatrach/multinationales à inviter le personnel de la sous-traitance relevant des fonctions cœur de métier, soutien et support pour les services non externisables à introduire des demandes de recrutement, d'une part, et d'autre part, de notifier aux sociétés de sous-traitance la fin de contrats les liant avec les groupements et OOC au plus tard le 30 juin 2011. Passé ce délai, aucun contrat de sous-traitance ne devait subsister. Où en est-on deux ans plus tard ? Comme ce fut le cas en 2003, le lobby des agences de placement de la main-d'œuvre a mieux rebondi et la sous-traitance a encore de beaux jours devant elle ; après une longue période de déni, Tayeb Louh, qui était déjà en poste lors du premier mouvement de révolte des jeunes du Sud qui dénonçaient le lobby des sous-traitants et l'exclusion de la main-d'œuvre locale, daigne enfin reconnaître la «grande disparité» entre les salaires d'un même poste de travail au sein de compagnies pétrolières mères et d'entreprises de sous-traitance dans les wilayas du Sud et s'apprête à faire des propositions de nouvelles mesures de prise en charge de ce problème au Premier ministre.