Au moment où les pouvoirs publics tentent de créer les conditions nécessaires au développement et à l'accroissement de la rentabilité des gisements d'hydrocarbures dans le sud du pays, des pertes et des manques à gagner sont enregistrés sur des champs actuellement exploités par Sonatrach, pour des raisons purement bureaucratiques. C'est le cas du champ gazier de Tiguentourine, dans la daïra d'In Amenas, où l'on enregistre, selon l'évaluation d'un expert, pas moins de 130 millions de dollars de pertes à cause d'une grève des travailleurs qui traîne depuis 3 mois déjà. Il s'agit, en effet, du débrayage entamé le 21 juin dernier par les travailleurs du Bureau d'assistance administrative et technique (BAAT), employés sous le régime de la sous-traitance pour le compte du projet exploité, depuis 2006, par l'entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach, en association avec la compagnie britannique British Petroleum et la norvégienne Statoil, à travers un contrat de partage de production. La principale revendication exprimée par les travailleurs concerne leur intégration à Sonatrach, à l'instar des travailleurs de 16 autres associations, conformément aux directives de leur tutelle formulées dans les correspondances n°912/AST/2011 du 19 mai 2011 et n°972/AST/2011 du 24 mai 2011. «Les deux directives en question ont été adressées par Sonatrach dans le cadre d'une décision prise par la direction des associations en vue d'assainir les dossiers de sous-traitance et faisant fonction au sein de tous les groupements, et ce, en procédant au recrutement de leurs employés. Seulement 189 travailleurs ont été intégrés à Sonatrach suite à l'application de ces instructions, mais il reste encore 296 travailleurs entre chauffeurs, techniciens et administrateurs qui ne sont toujours pas confirmés dans leur poste», nous explique, documents à l'appui, un représentant des travailleurs grévistes. Selon certaines indiscrétions, l'opération d'intégration des employés, bien entamée au début, a fini en queue de poisson à cause «de l'octroi de postes à des personnes étrangères à la société». Aujourd'hui, malgré une décision administrative mettant fin aux contrats liant les sociétés de sous-traitance à Sonatrach, et ce, à compter du 30 juin 2011, les travailleurs du BAAT sont toujours soumis à des contrats à durée déterminée. Toutes les correspondances adressées au ministre de l'Energie et des Mines, au PDG de Sonatrach, au directeur général de l'association SH, ainsi qu'aux autorités concernées de la wilaya d'Illizi sont restées lettre morte. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, sollicitant son intervention, les travailleurs lésés dans leurs droits disent être convaincus que leurs postes «ont été volés et attribués à d'autres personnes inconnues et étrangères au projet». Il y a lieu de rappeler, enfin, que l'essentiel de la production gazière algérienne est tirée des gisements de Hassi R'mel, puis de ceux d'In Salah et d'In Amenas. Avec la paralysie partielle qui frappe le champ de Tiguentourine à In Amenas, ce sont d'importantes quantités de gaz qui ne sont pas produites à cause d'une histoire de «postes volés».