L'Algérie reste très en retard en matière de technologies de l'information et de la communication. En témoigne le dernier classement établi par l'Union internationale des télécommunications qui place le pays à la 104e position sur 155 pays dans le monde en 2012. Plus qu'une absence de volonté politique, Younes Grar, consultant en technologie de l'information et de la communication, y voit des tentatives de bloquer le progrès numérique en Algérie. «Les décideurs trouvent toujours un prétexte idéal (risques, ndlr) pour bloquer» le développement d'internet, a-t-il soutenu hier lors d'une conférence-débat organisée à l'hôtel Hilton d'Alger par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) sur le thème «L'entreprise et les réseaux sociaux». Pour preuve, l'expert en TIC cite l'exemple du lancement de la troisième génération de téléphonie mobile, un projet qui n'arrive toujours pas à voir le bout du tunnel. Le ministre en charge du secteur avait promis que cette technologie serait lancée avant la fin du premier trimestre 2013. L'échéance touche à son terme et M. Grar est convaincu que ce fameux projet sera encore retardé de plusieurs mois. «On exagère trop sur les risques. Je ne vais pas parler des risques parce qu'il y a des responsables en haut lieu qui le font mieux. Ceci dit, il n'existe pas de technologie positive et sûre à 100%», a-t-il martelé, rappelant que l'Algérie figure parmi les dix pays dans le monde qui ne disposent pas de la 3G. Pourtant déchirée par une guerre civile depuis dix ans, la Somalie a annoncé récemment avoir adopté cette nouvelle technologie. M. Grar a évoqué aussi le programme e-Algérie 2013, un autre projet qui piétine toujours, trois ans après son lancement. Selon lui, tout le monde s'accorde sur le triste constat, y compris le président de la République. Pourquoi cela bloque donc ? Le développement d'internet, porteur de «transparence», n'arrange pas les affaires des décideurs, d'après cet ancien conseiller au ministère des TIC. Contrairement aux dirigeants du pays, la culture du «web 2.0» existe chez les jeunes générations, a-t-il encore noté. En retard dans l'usage d'internet, les entreprises algériennes affichent de grandes réticences à exploiter les réseaux sociaux afin renforcer leur stratégie marketing, a fait savoir par ailleurs M. Grar. Elles sont une petite poignée d'entreprises à avoir un compte facebook. Ce réseau social compte 4,5 millions d'Algériens dont 90% des usagers ont moins de 35 ans. Selon lui, l'avenir de l'entreprise est dans le numérique. Les sociétés sont confrontées à un choix : s'adapter aux nouvelles technologies ou rester en marge du progrès numérique. Si les entreprises se montrent réservées, juge Slim Othmani, patron de NCA Rouiba, c'est parce qu'il y a un manque de «rigueur et de compétence».