«Il n'est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup ..., pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l'entoure...». Joseph Pulitzer (1847-1911) L'opération de récupération du site d'In Amenas par les unités d'élite de l'armée algérienne terminée, la phase d'enquête(s) des différents services de sécurité n'en est qu'au début, tant les enseignements de ce drame qui risqua de déborder sur une catastrophe écologique et économique, à la limite des dégâts provoqués par une charge nucléaire tactique, n'ont pas encore été tirés par la classe politique et l'opinion publique locale… La finalisation des enquêtes durera encore sur les véritables commanditaires du drame et il reste candide que de se limiter aux lièvres médiatiques seulement... Il est vrai que le black-out imposé par l'état- major de l'ANP pour gérer l'opération «mission impossible» a donné raison aux stratèges de ces unités d'élite dont les pères, «les commandos de Skikda», avaient fait la une dans un autre théâtre d'opérations et je m'en veux d'avoir oublié le nom d'un auteur américain après avoir lu son livre policier où il relatait la traversée, de nuit et à la nage, du canal de Suez par ces téméraires et la liquidation à l'arme blanche d'équipages de chars israéliens stationnés sur l'autre rive... Fiction ou réalité !? Il s'est avéré que le maintien de la pérennité du secret dans la gestion du fonctionnement des services de sécurité et leurs unités ne fait que confirmer la capacité et le professionnalisme du secteur de la défense nationale et ce sont nos ennemis potentiels qui confirment cette efficience d'une armée professionnalisée à l'extrême tout en maintenant cette originalité d'être et de vouloir rester la digne héritière de la prestigieuse ALN, Armée de libération nationale par essence qui a donné son sigle à des dizaines de mouvements de libération sur les cinq continents... La gestion algérienne de ce drame malgré les offres de service (satellites, matériel de pointe, conseillers d'élite...) des grandes puissances a mis à nu les carences de ces dernières dans la connaissance d'un terrain et son exploitation dont seules les unités algériennes avaient la maîtrise, la motivation et l'implication... Et cela restera une des leçons essentielles de cette prise d'otages en milieu saharien où l'«école algérienne» fera référence d'ici peu dans les académies militaires de référence comme West Point, Fort Benning, Frounze et Saint-Cyr... Déjà, les Israéliens s'inquiétèrent lors du match Algérie-Egypte à Khartoum de la capacité de la flotte nationale algérienne (et non privée) à transporter plus de vingt mille hommes/supporters en trois jours seulement. Un certain journal de Tel Aviv implicita cette opération de promotion sportive à une manœuvre sur la capacité de transport aérien de l'Algérie que fit rappeler un certain officier supérieur US du NATO lors d'une réunion en Italie en précisant que la capacité de transport militaire aérien de l'Algérie était supérieure à toutes les flottes des pays européens membres de l'OTAN... A ce jour, les avions lourds Lockheed de l'US Air Force sauvent le ravitaillement des troupes françaises au Sahel qui risquaient une asphyxie logistique les semaines à venir du fait de carence d'une flotte de transport autonome... même avec l'ouverture de l'espace aérien algérien parallèlement aux recommandations du Conseil de sécurité. Le syndrome post-traumatique du drame d'In Amenas n'épargnera pas l'opinion publique algérienne sur les tenants et aboutissants de ce raid terroriste qui va dans un sens reconfigurer les attentes et angoisses du peuple algérien et refocaliser son activité existentielle sur les dangers extérieurs réels auxquels il a échappé si ça n'avait été l'existence d'une armée (ANP) à qui on essayait d'imputer presque tous les maux dans la lenteur du processus démocratique. L'échelle d'évaluation de l'Algérien de tous les jours en prend un coup. Trop focalisé par les nourritures terrestres, la bonne chère et une auto-dépréciation où tout ce qui est labellisé local est défectueux et peu fiable, l'Algérien se rend compte qu'il peut du jour au lendemain être la victime directe d'une panne... de gaz qui bloquerait toute activité vitale et sanitaire avec une débandade à la libyenne à la limite du burlesque... Quant à la classe politique qui lorgnait parfois vers le printemps arabe... et syrien, elle devra se recomposer et laisser place aux élites locales pour ne pas faire de la figuration comme ces jours-ci ! Car ce n'est pas elle qui a géré cette crise très complexe qui a pris de court les stratèges nordistes (prises d'otages sanglantes en Russie, Ossétie, Tchétchénie... ), mais bien de jeunes Algériens surentraînés par des structures dont on ne parlera peu mais qui sont du terroir. L'hommage aux morts au combat rapproché et presque suicidaire pour sauver le complexe d'In Amenas et les otages sera occulté par les médias occidentaux. L'expertise algérienne aussi...