Le gouvernement accompagnera la présentation de la prochaine loi de finances au Parlement par un listing des différentes subventions non budgétisées et leur coût annuel. Les subventions dites implicites qui ne figuraient pas jusqu'à présent dans l'exposé du budget présenté chaque année aux parlementaires alimentent depuis quelque temps un débat controversé. Le premier argentier du pays semble donc avoir tranché pour une démarche plus transparente. Dans une déclaration à l'APS, Karim Djoudi informe que «le ministère des Finances travaille actuellement (…) pour quantifier ces subventions afin que la prochaine loi de finances permette au Parlement de prendre connaissance du montant des subventions non budgétisées». Le ministre précise toutefois que les subventions ne seront pas incluses dans la loi de finances mais transmises aux parlementaires à titre d'information. Karim Djoudi s'exprimait hier – en marge d'une conférence animée par des experts du FMI, de la Banque d'Algérie et des banquiers algériens – au sujet des montants alloués chaque année concernant les subventions en dehors du budget officiel. M. Zeine Zeidane, conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a déclaré pour sa part que l'Algérie doit adopter «plus de prudence pour bien cibler les subventions en direction des populations les plus vulnérables». Il estime en outre que les subventions dites implicites s'avèrent «trop coûteuses» pour l'Algérie. Il est à noter qu'une récente étude du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) classe l'Algérie parmi les pays arabes qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec 10,59 milliards de dollars, quelque 800 milliards de dinars consacrés à la subvention des prix de l'énergie en 2010. L'électricité a profité de 2,13 milliards dollars, soit 150 milliards de dinars de subvention, tandis que les carburants ont coûté 8,46 milliards de dollars, environ 650 milliards de dinars. Ces subventions représentent, selon l'organisme onusien, 6,6% du PIB algérien en 2010. Les subventions implicites ou indirectes portent donc sur les prix de l'énergie (électricité, gaz, essence, gasoil) et du loyer, des prix qui ne couvrent pas les charges d'exploitation ou l'amortissements de la dette des entreprises ni leur développement économique, selon le ministre des Finances. Le Trésor prend en charge ces montants, non pas à travers le budget, mais notamment à travers le rachat des dettes des entreprises publiques. A titre d'exemple, le Trésor avait racheté 200 milliards de dinars de dettes de Sonelgaz engendrées par le différentiel des prix de l'électricité et du gaz qui permettent de couvrir les investissements et les charges de la société, et ceux appliqués sur le terrain, a rappelé M. Djoudi. D'autres subventions, comme celles des prix du blé tendre et dur, du sucre, de l'huile et de l'eau dessalée, sont par contre budgétisées annuellement en Algérie. La dépense sociale budgétisée représente presque un quart du budget de l'Etat et 13% du PIB national. En incluant les subventions non budgétisées, ce taux atteindrait les 30% du PIB, selon certains experts.