Un grand malheur vient de frapper de plein fouet deux paisibles et modestes familles à Ali Mendjeli. Les corps mutilés de leurs enfants, Haroun-Zakaria Boudaïra et Brahim Hachiche, âgés de 9 et 10 ans, ont été retrouvés, hier vers 13h, à l'unité de voisinage (UV17) de la nouvelle ville Ali Mendjeli, par des ouvriers du chantier, à environ 500 m l'un de l'autre. Ils étaient portés disparus depuis samedi après-midi. Un cousin de Haroun, alerté, nous informe, vidéo sur son portable à l'appui, que les restes des petits garçons étaient dissimulés l'un dans un sac-poubelle à l'intérieur d'une valise, l'autre également dans un sac-poubelle à l'intérieur d'un sac de voyage. «Un horrible scénario, digne d'un grand film d'horreur», nous disent des témoins sur place. Deux familles frappées par un sort épouvantable «Nos enfants ont été enlevés à l'unité 18 et, trois jours plus tard, on découvre leurs corps découpés à l'unité 17 ! Et ce n'est pas la police qui les a retrouvés», se sont insurgés plusieurs hommes, membres des deux familles. Ce sont deux innocentes victimes d'une barbarie inqualifiable. Ils jouaient tranquillement, heureux de se retrouver et de réviser les versets coraniques en préparation du concours des récitants du Coran prévu au mois de Ramadhan prochain, nous avait fait savoir, dans la matinée ayant précédé la monstrueuse nouvelle, la mère de Haroun, que nous avons rencontrée au domicile de ses beaux-parents, à l'unité de voisinage 18. «Nous sommes arrivés, mes quatre enfants et moi, en visite chez mes beaux-parents samedi à 14h (où ils y sont encore). Par la suite, Haroun et son copain Brahim ont disparu après avoir été vus en compagnie d'un couple qui les tenait par la main. Affolés, nous avons commencé à nous éparpiller, familles et voisins, pour les chercher, en vain.» Quant à la mère de Brahim, Yasmine, elle était alitée ce matin-là. «C'est mon seul garçon avec ses six sœurs ; il est timide et n'a pas l'habitude de suivre des inconnus», nous a-t-elle dit dans un sanglot déchirant. La population entière de Ali Mendjeli s'était mobilisée comme un seul homme pour chercher les deux enfants. Le wali de Constantine, Noureddine Bedoui, leur avait aussi rendu visite la veille vers 23h. Mais dans l'après-midi, les deux familles ont définitivement su qu'elles étaient frapées par un sort épouvantable. La nouvelle ville Ali Mendjeli en ébullition Vers 14h30, dès que la nouvelle fatidique se fut propagée, la quasi-totalité des habitants de Ali Mendjeli est sortie dans les rues. La colère était à son paroxysme. Des contingents de jeunes, à bord de véhicules, criaient tout en se dirigeant vers la route menant à Constantine. La police antiémeute, présente avec trois fourgons, les empêche de poursuivre leur route. Exaspérés, les jeunes font demi-tour et tentent d'assaillir le commissariat de la nouvelle ville, ce qui déclenche la venue de renforts de brigades antiémeute, que nous avons vu affluer en direction du commissariat. «Nous ne sommes pas en sécurité ; la police n'a pas fait son travail, nos enfants ne méritaient pas ça», scande la foule. Toutes ces unités de voisinage ont en effet été livrées sans infrastructure d'accompagnement. A l'heure où nous mettons sous presse, l'on nous fait savoir qu'une foule impressionnante tentait d'investir la morgue du CHU Ben Badis.