Des intervenants ont critiqué l'inertie des autorités face à la réglementation qui les oblige à procéder aux aménagements d'usage pour favoriser une libre circulation des personnes à mobilité réduite. Dans un gros coup de gueule lancé à la faveur d'une journée organisée jeudi à l'auditorium Mohamed Seddik Benyahia de l'université Mentouri, dans le cadre de la célébration de la journée nationale de l'handicapé, Kamel Boukebab, président de l'association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine a souligné une foule de problèmes vécus par les handicapés. «Il est essentiel et urgent de régler la question de l'accessibilité, d'autant que les textes de loi existent à l'exemple de la loi 02-08 ou encore l'arrêté ministériel 06-455 à travers lesquels obligation est faite aux autorités compétentes de procéder aux aménagements d'usage à même de favoriser une libre circulation des personnes à mobilité réduite», notera-t-il. Pourtant, les faits parlent d'eux-mêmes à l'instar des résultats d'une mini enquête menée par des étudiants en MASTER 3 sur le tronçon reliant la rue Abane Ramdane à la place des Martyrs. Près de 200 infractions à la législation en vigueur ont été relevés sur cette partie dont l'absence de panneaux de signalisation, passages cloutés, trottoirs inclinés, chaussées déformées et bien sur l'absence de rampes d'accessibilité, une carence déplorée à l'échelle de toute la wilaya. L'intervenant rappelle l'existence d'une rampe au niveau de la poste du Coudiat, mais celle-ci, dit-il, n'est pas très fonctionnelle. «Elle ne permet pas malheureusement aux handicapés circulant en fauteuil roulant d'accéder facilement au distributeur de billets de banque. Il existe une norme appelée APCU (Accéder, pénétrer, circuler, utiliser) et il serait bon que, le moment venu, les autorités compétentes l'imposent aux institutions publiques et privées», relève-t-il. Avec une ironie mordante, un universitaire rencontré dira à ce propos : «Nos institutions fonctionnent comme des machines cybernétiques tournant sur elles-mêmes, mais sans jamais accrocher la réalité et cela perdurera jusqu'au jour où elles ouvreront en commun dans la recherche de solutions aux problèmes rencontrés par les personnes à mobilité réduite.» La quasi majorité des représentants d'associations d'aide aux handicapés se sont accordées sur tous les points soulevés en affichant une attitude très critique, tout en déplorant au passage l'absence des élus et autres représentants des autorités locales. Organisée dans le cadre du projet PEACE-Handicap international drivé par l'organisation américaine World Learning Algéria, cette journée a eu le mérite de susciter un débat franc sur toutes les questions touchant l'encadrement et l'insertion sociale des handicapés. Directrice de cette ONG, dont l'action s'oriente vers la promotion de l'éducation, l'altruisme et l'engagement civique, Mme Bitat précise que cette dernière œuvre pour renforcer les capacités des associations locales, mettre en place un pont de compréhension et de coopération entre la société civile, les universités et le monde de l'emploi et d'améliorer les compétences professionnelles des étudiants et en particulier ceux qui sont en situation d'handicap.