Les procédures de passation des marchés publics, telles qu'observées actuellement, charrient de graves discriminations entre les entreprises étrangères et celles locales, dont surtout les petites et moyennes entreprises (PME). C'est du moins ce que certains opérateurs nationaux et représentants d'organisations patronales ont tenté de mettre en évidence, hier, à l'occasion d'une conférence-débat sur le code des marchés publics au forum d'El Moudjahid. Ainsi, selon le représentant de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), Abdelmadjid Dennouni, en matière d'accès aux marchés publics, les sociétés et groupements étrangers sont nettement favorisés, tandis que les entreprises locales font face à de nombreuses contraintes liées aux procédures mêmes de passation des marchés. Pour les cautions de soumission, a-t-il relevé, « les entreprises nationales sont tenues de passer par les banques locales, alors qu'il suffit aux sociétés étrangères de présenter un simple document de caution en passant par n'importe quelle banque de leur choix ». De même, a-t-il ajouté, « alors que la réglementation évoque un recours aux avis d'appel d'offres internationaux à titre exceptionnel, l'on constate que dans la pratique, cette procédure est souvent appliquée pour la passation des marchés publics ». Interpellant les autorités sur la nécessité de veiller à ce que les entreprises locales aient les mêmes chances d'accès aux marchés publics que les sociétés étrangères, le représentant de l'UGEA soutient qu'il est nécessaire de supprimer toutes les cautions, car celles-ci sont, selon lui, trop élevées pour les opérateurs locaux. Dans ce même ordre d'idées, a-t-il plaidé, « pour éviter les erreurs et les magouilles, il faut que les procédures d'avis d'appel d'offres soient clairement respectées, en veillant à ce que les dates de remise des offres et des ouvertures de plis soient précisées et portées à la connaissance de l'ensemble des opérateurs ». Abondant dans le même sens, le représentant de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Moula Boukhalfa, estimera pour sa part que « même s'il y a des défaillances techniques chez les opérateurs algériens, l'Etat gagnerait quand même à les soutenir pour l'accès aux marchés publics, car ces défaillances sont, dans tous les cas, moins coûteuses que les saignées de devises qu'induit l'attribution de ces marchés aux entreprises étrangères ». Répliquant aux doléances des opérateurs locaux, le directeur général de la Caisse de garantie des marchés publics (CGMP), Mohamed Bachetarzi, soulignera qu'au regard de la prééminence des règlements internationaux, il est tout à fait logique que ce soient les règles du commerce international qui s'appliquent quand un groupement constitué d'entreprises étrangères soumissionne pour un marché. Au demeurant, a-t-il signifié, « pour combler certaines lacunes en matière de passation des marchés, il faut avant tout revoir la rédaction des cahiers des charges de façon à les rendre plus précis ». Indiquant que les marchés publics représentent quelque 2600 milliards de dinars en autorisations de programmes pour cette année, le directeur de la CGMP soutiendra qu'il faut passer à une application rigoureuse de la réglementation en matière d'exécution des marchés publics.