Le Sud continue à bouillonner. La tension persiste et tend à se généraliser. Près de quinze jours après la démonstration de force des jeunes chômeurs de Ouargla, la mobilisation ne faiblit pas. Au contraire, d'autres wilayas vivent encore au rythme des manifestations. Une semaine après le rassemblement de Ouargla, un autre a eu lieu à Laghouat. Hier encore, des jeunes de Ghardaïa leur ont emboîté le pas en protestant devant le siège de la wilaya pour revendiquer la création d'emplois «au lieu de dépenser l'argent dans un festival du tapis». «On refuse ce festival. Les jeunes tenaient à dénoncer la dilapidation de l'argent. On aurait souhaité que cet argent soit consacré à la création de postes d'emploi», a affirmé Khoudir Skouti, militant des droits de l'homme à Ghardaïa. Le rassemblement a été réprimé par la police et plusieurs militants, dont le responsable local de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Kamel Eddine Fekhar, ont été interpellés. Un peu plus loin de Ghardaïa, à El Oued, des jeunes chômeurs préparent une marche «millionnaire» pour revendiquer, comme leurs pairs de Ouargla et de Laghouat, le droit au travail. La manifestation est prévue pour le 30 mars. Cette situation confirme que les mesures prises par le gouvernement en faveur des jeunes du Sud n'ont pas eu l'effet escompté. Prises dans l'urgence, dans un objectif de calmer les esprits et d'éviter une généralisation de la protestation, ces mesures semblent déjà dépassées par les événements. Le problème du chômage est tellement profond que les jeunes qui en souffrent depuis des années ne veulent plus attendre. Ils exigent du concret. Et surtout, ils demandent à être écoutés et que les portes du dialogue soient ouvertes. Une revendication que les autorités ne semblent pas être prêtes à satisfaire pour l'instant. Des faits le prouvent, en tout cas, sur le terrain. Ayant toujours fait appel à des notabilités qui n'ont plus le poids dans cette région pour parasiter tous les mouvements de contestation, les pouvoirs publics réactivent aujourd'hui les mêmes réseaux. Selon le responsable national de la Coordination de défense des droits des chômeurs (CNDDC), Tahar Belabbès, des manœuvres sont déjà en cours pour «noyauter et perturber le mouvement des jeunes de Ouargla». Dans un communiqué posté, hier, sur sa page facebook, il dénonce «des députés envoyés dans la région pour casser la mobilisation de jeune». «La CNDDC exige l'ouverture immédiate d'un dialogue avec les représentants de la coordination pour faire échouer ces manœuvres diaboliques. Dans le cas où les autorités refusent cette demande, la CNDDC sera contrainte de recourir une nouvelle fois à la manifestation», met-il en garde. Pour le responsable de la CNCDDC l'action que mène actuellement «ces députés» vise à installer «un climat de violence et de pourrissement dans la région» pour imputer, ensuite, la responsabilité aux jeunes chômeurs. Les voies du dialogue sont en somme bloquées pour le moment malgré les bonnes intentions affichées. Entre temps, la contestation semble gagner du terrain avec son lot de troubles et de ressentiments.