Le responsable de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC), Abbès Hadj Aïssa, risque une année de prison ferme pour avoir pris part à une manifestation pacifique, en août 2011, à Laghouat (400 km au sud d'Alger). Le tribunal de Laghouat a infligé la même peine à Bouamer Mohamed, vice-président du bureau local de la CNDDC, poursuivi ainsi que Abbès Hadj Aïssa, sous le chef d'accusation d'«attroupement sur la voie publique». La décision rendue, par défaut, le 18 janvier 2012, par le tribunal de Laghouat, leur a été notifiée hier par huissier de justice. Cette affaire, selon le jugement du tribunal, a été instruite par le parquet à la suite d'une plainte déposée par l'APC de Laghouat le 15 août 2011. Dans un appel lancé hier, les deux représentants de la CNDDC considèrent que cette condamnation vise à sanctionner leurs activités de défense des droits des chômeurs dans cette wilaya du Sud. «Ces peines sont profondément choquantes», nous a déclaré hier Abbès Hadj Aïssa, qui se dit victime «d'abus et de harcèlement judicaire». Celui-ci rejette les accusations portées à son encontre par l'APC de Laghouat, affirmant qu'il n'a reçu aucune convocation pour assister au procès. Le représentant de la Ligue des droits de l'homme (LADDH) à Laghouat, Yacine Zaid, a dénoncé hier une condamnation «injustifiée», estimant que les deux militants de la CNDDC sont victimes d'«intimidation ciblée».Pour la LADDH, cette condamnation signifie désormais qu'«il est interdit, aujourd'hui en Algérie, de revendiquer ses droits légitimes et d'adhérer à une organisation qui défend ses droits pacifiquement». Le verdict prononcé par le tribunal de Laghouat à l'encontre de Hadj Nacer et Bouamer Mohamed constitue, selon lui, une mise en garde à l'adresse de tous ceux qui militent pour les droits des chômeurs dans le sud du pays. La ville de Laghouat a, pour rappel, été secouée en janvier dernier par un large mouvement de protestation lancé par la population locale. Le mardi 10 janvier, la protesta avait tourné à l'affrontement. Des dizaines de citoyens ont été interpellés par les forces de l'ordre devant le siège de la wilaya où des rassemblements avaient lieu pour protester contre la distribution de logements contestée par une partie de la population.