Le climat de déliquescence de l'Algérie se détériore de plus en plus. Jamais l'Algérie n'a sombré dans un tel état de non-droit, à croire que des forces au sein du pouvoir ont programmé la destruction du pays. Le citoyen est considéré comme mineur et par conséquent ne mérite même pas d'avoir le droit à l'information. Des comportements où l'omerta, cette loi du silence créée par Cosa Nostra, a été instaurée comme règle dans la gestion des affaires. Le cas Chakib Khelil est l'illustration parfaite de ce comportement criminel et néfaste. Où est-il ? S'est-il enfui de l'Algérie ? A-t-il été exfiltré par un homme du premier cercle présidentiel parce qu'il aurait reçu une convocation de la justice et que ses appartements à Alger et Oran auraient été perquisitionnés par les services de sécurité ? L'affaire est extrêmement grave. Chakib Khelil est l'homme qui a organisé la plus grande opération de prédation des ressources que le pays n'a jamais connue depuis l'indépendance. Il a voulu brader les richesses du sous-sol au profit des multinationales avec la complicité d'une APN qui a approuvé avec une grande lâcheté son projet et qui s'est désavouée quelque temps plus tard avec le même lâche enthousiasme. Toutes les conditions avaient alors été créées pour permettre à Chakib Khelil, totalement inconnu des Algériens, de gérer l'unique richesse du pays à sa guise et sans aucun contrôle. Peu après son intronisation à El Mouradia, Abdelaziz Bouteflika l'a ramené de Washington, où il officiait à la Banque mondiale, pour le mettre à la tête du ministère de l'Energie. Le chef de l'Etat a commencé par mettre au placard le Haut Conseil de l'énergie, ce qui a permis à son protégé d'agir sans aucun contrôle. A une époque, il a même été le joueur, le juge et l'arbitre. C'est-à-dire qu'outre le ministère, il était PDG de Sonatrach et président de son conseil d'administration. La grande bouffe pouvait commencer surtout que le hasard a fait que le pétrole s'est mis à augmenter de façon sensible sur le marché international. Le ministre s'était même permis, avec la complicité de Mohamed Bedjaoui, d'inviter un trafiquant d'armes international du nom de Falcone à une réunion interministérielle. C'est par conséquent l'un des hommes qui ont contribué à mettre l'Algérie à genoux, à la déshonorer sur la scène internationale à cause de la gabegie et la corruption qui y règnent. Et c'est cet homme qui quittera le pays comme une fleur, alors qu'il y a des enquêtes en cours sur la rapine à Sonatrach. Pour des articles de presse, des journalistes ont été frappés d'ISTN (interdiction de sortie du territoire national) et leur passeport confisqué. Ce qui veut dire que les protecteurs de Chakib Khelil ne se trouvent pas dans des échelons intermédiaires.