En parcourant la biographie de Nouredine Cherouati, le nouveau PDG de Sonatrach, on apprend qu'en 2001 il a été chassé de son poste de secrétaire général du ministère de l'Energie par son ministre de l'époque, qui n'est autre que Chakib Khelil qui, de plus, l'a privé de tous les avantages liés à ce poste. On peut déduire logiquement que c'est une cinglante gifle qui vient d'être assénée au ministre, désavoué pour son attitude d'il y a dix ans et sommé, aujourd'hui, de par sa fonction, de travailler étroitement avec Nouredine Cherouati. Il ne reste plus à Chakib Khelil qu'à remettre sa démission s'il ne veut pas sacrifier sa dignité à son poste et s'il veut se garder de se mettre à la même table que son « ancienne victime ». Au demeurant, le nouveau patron de Sonatrach, assure-t-on, ne serait pas homme à se contenter d'un rôle de figurant. C'est peut-être pour pousser le ministre à la démission que le choix a été porté, en haut lieu, sur Nouredine Cherouati, avec la réserve près que le président de la République n'aime pas les démissions de responsables qu'il a lui-même désignés. Mais dans le cas de Sonatrach, la mère nourricière de l'Algérie, le chef de l'Etat n'est pas le seul maître de la décision, d'autres sphères du pouvoir, notamment le DRS, ont leur mot à dire. Chakib Khelil, toutefois, a constamment échappé aux scandales. La loi qu'il avait réussie à faire adopter sur les hydrocarbures en 2004 a été revue de fond en comble in extremis, car elle visait tout simplement le bradage des ressources du sous-sol du pays. En outre, le ministre n'a pas prévenu les actes de corruption ayant lourdement affecté son secteur, notamment la maison mère. Il s'est évertué en revanche à se dédouaner de toute responsabilité dans les affaires portées devant la justice. Last but not least, il n'a pas anticipé, en dix ans de règne absolu sur le secteur des hydrocarbures, le renversement du marché mondial du gaz dont les prix à l'exportation, en chute libre aujourd'hui, sont susceptibles à l'avenir de porter un grave coup aux entrées financières extérieures du pays. Il y a eu absence d'une politique d'amortissement des chocs comme d'une stratégie agressive de substitution par les énergies renouvelables. Plus prévenants, beaucoup d'autres pays ont réussi à passer le cap et envisagent l'avenir avec sérénité. Au-delà de son coût financier intolérable, la dernière rencontre internationale d'Oran sur le GNL a mis en relief l'illusion d'un front mondial du gaz et démontré que seule la bonne gouvernance interne est payante. Serait-ce l'acte final de Chakib Khelil ?