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Justesse et véracité
France. Sortie du film «Le premier homme» de Gianni Amelio
Publié dans El Watan le 30 - 03 - 2013

L'adaptation au cinéma du roman autobiographique inachevé d'Albert Camus.
Le 4 janvier 1960, une voiture de sport dérape sur la chaussée glissante d'une route de France et s'écrase contre un platane… Parmi les victimes de l'accident, Albert Camus, prix Nobel de littérature 1957. Dans une serviette de cuir, à ses côtés, on trouve un manuscrit inachevé, Le Premier Homme, roman autobiographique sur lequel Camus travaillait depuis deux ans.
Le prix Nobel «algérien» (il se définissait aussi comme tel) se proposait alors d'écrire une trilogie qui aurait sans doute éclairé bien des aspects de sa personnalité que le cinéaste italien Gianni Amelio a su rendre éclairants en adaptant le roman inachevé, transmué par une écriture cinématographique où l'approche poétique le dispute à un réalisme qui révèle la dimension humaniste du personnage, un
Camus que l'on a trop longtemps voulu voir uniquement à travers le seul prisme de la politique.
Cela a d'ailleurs longtemps été le cas d'un nationalisme algérien étriqué qui s'est exprimé notamment sous la plume d'Ahmed Taleb el Ibrahimi, alors ministre de l'Information et de la culture au début des années soixante-dix, pour vilipender et rejeter l'algérianité d'Albert Camus. C'était faire fi de l'anticolonialisme du prix Nobel, exprimé dans sa série de reportages dans Alger Républicain où il dénonçait la misère et l'exploitation des mechtas de Kabylie. Mais l'idéologie dominante de l'époque n'avait cure du sens de la nuance… Ne fut conservé comme postulat que la phrase de Camus où il optait pour sa mère face à la justice, engendrant plutôt un malentendu, lequel a perduré, quand le sens profond de l'affirmation méritait analyse plutôt qu'anathème.
Dans le roman inachevé, la plus grande partie évoque surtout l'enfance de Camus dans les années vingt, à la rue de Lyon à Belcourt (Ndlr : aujourd'hui Belouizdad) et, beaucoup moins, l'année 1957 où il est de retour à Alger, en visite chez sa mère. Dans son adaptation cinématographique, Gianni Amelio a décidé de développer à parts égales la période des années vingt et celle des années cinquante. Le film s'ouvre d'ailleurs sur l'année 1957, quand Jacques Cormery (Camus) est invité à faire une conférence à l'Université d'Alger et se trouve pris à partie et fortement chahuté par des étudiants majoritairement ultras, aux yeux desquels il apparaît comme un traître à la cause de l'Algérie française. Le ton – et le climat – sont donnés. Et dès lors, le cinéaste va structurer son récit à partir d'allers-retours entre 1924, où excelle Nino Jouglet (Camus à 11 ans), et 1957 où se distingue remarquablement Jacques Gamblin (Camus à 44 ans).
Parmi les personnages périphériques ressort la figure du maître d'école, Monsieur Bernard, interprété avec brio par Denis Podalydès. C'est à cet instituteur que fut d'ailleurs dédié le discours de Stockholm. Assis côte à côte sur un banc, un dialogue va se nouer entre ce père putatif qu'est l'enseignant et l'écrivain, auquel il donne une leçon tardive : «Quand je vous enseignais l'histoire de Rome et des barbares, j'oubliais de vous dire quelque chose : que, souvent, ce sont les barbares qui ont raison !» Le combat contre le colonialisme n'est pas absent du film, bien au contraire. Et d'un élève algérien cité dans le roman édité post-mortem, Gianni Amelio fait un nationaliste dont le fils sera arrêté en 1957 et que Cormery/Camus va tenter de faire sortir de prison. Dans ce récit, Camus a voulu parler de ceux qu'il aime. En particulier de cette mère aussi discrète qu'aimante (campée par Catherine Sola, totalement solaire dans sa peine incurable). Car Camus et Amelio ont un important point commun à leurs histoires personnelles. L'un et l'autre ont été élevés par une mère et une grand-mère en l'absence d'un père trop tôt disparu. Et nul doute que ces similitudes d'un passé semblable contribuent à la justesse, à la véracité et à l'authenticité du film et du personnage de Cormery. Une authenticité renforcée par le fait que le tournage a eu pour cadre l'Algérie et la ville de Mostaganem en particulier.
Certes, Camus, dans son rêve algérien, souhaitait une Algérie indépendante intégrant la communauté pied-noir. Mais les vicissitudes de l'Histoire et la violence qui a caractérisé la guerre d'indépendance ne pouvaient en aucun cas donner raison à l'idéal humaniste. Qu'aurait dit ou écrit Camus s'il avait survécu à l'année 1960 et assisté au déchaînement de haine provoqué et mis en œuvre par l'OAS ?
Nul ne le saura. Même s'il reste désormais un film (et un roman) qui auront plongé avec clairvoyance au cœur d'un récit personnel et d'une histoire collective dont il reste de nombreuses pages blanches à noircir.

PS : le film est sur les écrans français depuis le 27 mars et sera, espérons-le, bientôt vu en Algérie.


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