S'il y a un secteur dans la wilaya de Bouira où l'anarchie règne en maître, c'est sans doute celui des transports. En effet, au sein de ce secteur, les services censés veiller à l'application des lois relatives à l'exercice du métier du transporteur, sont aux abonnés absents. Des exemples ne manquent pas. Le cas des transporteurs fraudeurs dont le nombre dépasse celui des opérateurs agréés, confirme la gestion lamentable et le laisser-aller dans ce service. Des chômeurs, des fonctionnaires, des policiers et des enseignants, ont investi dans ce créneau devenu juteux et où ils exercent ouvertement avec leurs véhicules individuels pour arrondir leurs fins de mois. Dans la ville de Bouira, comme dans d'autres régions de la wilaya, ils sont une centaine de taxis travaillant au noir qui proposent leurs services aux clients et à des prix exorbitants parfois. La règle est simple ; ils font le guet à proximité de la nouvelle gare routière, aux arrêts des taxis autorisés au niveau de l'ex-gare routière et à Aïn Graouche, au sud de la ville de Bouira où ils proposent leur service aux voyageurs affluant en grand nombre. Ces transporteurs n'ont jamais été inquiétés par des contrôles de police ou des services de la direction des transports. Si le recours pour cette activité illégale est motivée par certains fraudeurs du fait qu'elle demeure l'unique ressource pour subvenir aux besoins de leurs familles, certains en revanche trouvent une aubaine de ramasser de l'argent, puisque on y trouve même des policiers, voire des inspecteurs de ce corps de sécurité, qui s'adonnent tranquillement, sitôt leur journée de travail finie, à cette activité de transport à la fraude. «Je suis policier, une fois mes heures de service bouclées, je viens ici à la recherche des clients. Je gagne plus de 1000 DA chaque soir. Je travaille jusqu'à une heure tardive de la nuit», raconte effrontément un policier taxieur clandestin. De leur côté, les transporteurs agrées en taxi, dénoncent, impuissants, cette situation qui les pénalise en toute impunité, puisque, disent-ils, «les responsables censés réguler cette activité sont aux abonnés absents. Donc à quoi bon continuer à dénoncer ces faits et à qui faut-il les soulever, sachant que les responsables du transports sont au courant de tout», déplore Hamid, un transporteur légal. Un autre fait qui confirme la gestion hasardeuse de ce dossier est celui des prix appliqués. En effet, pour une simple «course», les taxieurs, légaux ou fraudeurs, font la loi et imposent des fois le double du prix de la course aux voyageurs. A titre d'exemple, des clients ont été obligés de payer 300 DA pour le trajet de 3 km allant de la nouvelle gare routière à l'ex gare, au prétexte des embouteillages provoqués souvent par des visites ministérielles.