Comme en 2005, deux manifestations auront lieu aujourd'hui à Tizi Ouzou, pour célébrer le 26e anniversaire du printemps berbère. Une commémoration qui se fait dans la division des rangs et l'incertitude. Incertitude d'abord sur la mobilisation des citoyens, qui s'effiloche d'année en année. Lassés par des années de sacrifices et dépités par les différentes querelles de leadership des acteurs politiques locaux, les citoyens peuvent ne pas être au rendez-vous, sauf si, comme le pensent certains, l'essentiel c'est de manifester le 20 avril sans tenir compte des divisions, parce que cette date reste symbolique chez de nombreux Kabyles. La seconde incertitude est liée au fait que les deux manifestations programmées d'un côté par les étudiants et de l'autre par les archs risquent de se télescoper. Ainsi, la coordination locale des étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a lancé un appel à une marche à 10h du carrefour du 20 Avril, sis à la nouvelle ville, jusqu'au siège de la wilaya. De leur côté, les archs, qui ont appelé aussi à une grève générale, organisent un rassemblement à 11h au carrefour Djurdjura du centre-ville, baptisé place des Martyrs du printemps noir, à côté de l'ancienne brigade de gendarmerie. Un lieu par lequel devrait passer la marche des étudiants. L'horaire choisi par les archs peut perturber les manifestants qui participeront à la marche des étudiants, à moins que ces derniers par sagesse décident de retarder au maximum le départ de la manifestation. Les archs, qui ont recouvert les murs de la ville des Genêts d'affiches noires appelant au rassemblement et inondé l'avenue Abane Ramdane d'une multitude de banderoles noires, prévoient une marche entre le lieu du rassemblement et le carrefour situé à proximité du commissariat central et de la gare routière, baptisé place Matoub Lounès. Une seule revendication est partagée par les deux protagonistes à travers leurs appels respectifs, à savoir l'officialisation de tamazight, sinon les archs appellent à l'application de la plate-forme d'El Kseur et au jugement des assassins, alors que les étudiants revendiquent le respect des droits humains et des libertés démocratiques. Pour rappel, la coordination des étudiants, après avoir réussi une formidable mobilisation pour perturber la visite du président de la République en septembre 2005, mettant de côté tous les clivages politiques, s'est de nouveau distinguée au cours de la semaine écoulée par l'organisation de conférences débats animées par les différents leaders politiques de l'opposition (RCD, FFS, PT, MDS, MAK). Hier, un climat fébrile régnait à Tizi Ouzou, à quelques heures du début des manifestations auxquelles sont conviés les citoyens. Seront-ils aussi nombreux qu'en 2005 ?