A BéJAïa, l'événement a mis à nu la division des rangs et les tiraillements qui minent la classe politique influente dans la région. Deux à trois mille personnes, en majorité des jeunes, ont pris part hier aux trois manifestations de rue organisées à l'occasion de la commémoration du 30e anniversaire du Printemps berbère par trois entités politiques ayant saisi l'occasion pour réitérer des revendications différentes. Cette année, la célébration du 20 avril n'a pas dérogé à la règle. Outre la faiblesse de la mobilisation, il y a lieu de noter l'effritement réel des forces politiques locales. Entre un FFS qui n'a pas jugé utile de manifester dans la rue, un RCD et un MAK, qui ont tout juste réussi à rassembler respectivement 2000 et 1000 personnes, les acteurs politiques n'ont fait que confirmer une situation peu reluisante en matière d'unité des rangs. Des célébrations en front uni ayant marqué toute la décennie 80, on est arrivé aujourd'hui à une célébration plurielle qui n'a de valeur que celle d'étaler toute la division des rangs et les tiraillements qui minent la classe politique influente dans la région. Même le fameux mot d'ordre de grève, traditionnellement suivi spontanément, n'a pas eu lieu. La coordination des communes de Béjaïa (Cicb), représentant les Arch, qui s'est recueillie la veille sur la tombe de Guermah Massinissa, était la première à se manifester hier par le rassemblement et dépôt d'une gerbe de fleurs à la place des Martyrs du Printemps noir (ex-Edimco), à Béjaïa en présence d'une foule compacte composée de militants qui ont émergé lors des événements du Printemps noir d'avril 2001. Vers 10 heures, le RCD a entamé sa marche de l'esplanade de la Maison de la culture en direction du siège de la wilaya. 700 personnes, selon la police et 3 000 selon les organisateurs, ont répondu à l'appel du parti de Saïd Sadi. Brandissant l'emblème national et des banderoles du parti, les marcheurs ont scandé des slogans habituels contre le pouvoir en place. Devant le siège de la wilaya, le représentant local du parti s'est exprimé sur la situation générale du parti réitérant la revendication de l'officialisation de la langue amazighe avant que la foule ne se disperse dans le calme. Lui succédant, le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) n'a pas réussi à drainer la grande foule. Une partie des étudiants de l'université Abderrahmane-Mira ont préféré s'en démarquer en organisant une autre marche à partir du campus d'Aboudaou situé à la sortie Est de la ville de Béjaïa. Le parti de Moussa Touati s'est incliné, dans une déclaration rendue publique hier, à la mémoire des victimes de tous les évènements de la région appelant les jeunes à s'impliquer davantage dans la gestion des collectivités locales et des institutions. Toutes les manifestations commémoratives d'hier ont eu lieu dans le calme. Un aspect positif à relever tout de même pour cette 30e commémoration qui n'a pas dérogé à la règle en matière de mobilisation. La population de Béjaïa est restée majoritairement spectatrice attendant tout juste la reprise du cours normal de son quotidien. Et ce n'est que vers 13 heures que la ville a renoué avec une activité moins encombrante.