Les troupes maliennes sont dans Tombouctou, les troupes françaises, qui interviennent en soutien aux militaires maliens depuis janvier, sont basées à l'aéroport de la ville. Au moins trois djihadistes ont été tués en moins de 24 heures à Tombouctou, ville historique du nord du Mali et cible dans la nuit d'un attentat-suicide et d'une tentative d'infiltration d'un nombre indéterminé d'islamistes qui ont affronté, hier, soldats maliens et français. Selon des sources militaires maliennes et une source sécuritaire régionale à Tombouctou (900 km de Bamako), ces djihadistes ont infiltré la ville en profitant de l'attentat suicide commis dans la nuit de samedi par un kamikaze, au cours duquel un soldat malien a été blessé. Hier matin, l'armée malienne a lancé des opérations pour traquer les islamistes infiltrés, se retrouvant engagée dans des combats au cours desquels elle a reçu l'appui d'une unité de l'armée française. Avec l'attentat suicide de la nuit de samedi, le bilan se monte à trois djihadistes tués, dont le kamikaze, et cinq soldats maliens blessés en moins de 24 heures. Selon les mêmes sources, les islamistes «ont ouvert deux fronts» dans le centre-ville : l'un vers un hôtel servant de résidence temporaire au gouverneur de la région de Tombouctou, et l'autre vers l'unique camp militaire de la ville occupé par les soldats maliens. Trois djihadistes ont brièvement infiltré le camp militaire, d'où ils ont été délogés. Le gouverneur de la région ainsi que des autorités locales et deux journalistes étrangers qui étaient tous dans le même hôtel ont été évacués par l'armée française. Cette information a été confirmée par le gérant de l'hôtel. En temps normal, les troupes maliennes sont dans Tombouctou, les troupes françaises, qui interviennent en soutien aux militaires maliens depuis janvier, sont basées à l'aéroport de la ville. De source militaire, le kamikaze qui s'est tué dans la nuit a actionné sa ceinture d'explosifs après avoir tenté sans succès de forcer un barrage militaire. Il était au volant d'une voiture, alors qu'au moment même, d'autres djihadistes tentaient de s'infiltrer en ville à moto. Il s'agit du deuxième attentat suicide de l'histoire de Tombouctou. Le 21 mars, une tentative d'incursion d'islamistes y avait commencé par l'explosion d'une voiture piégée, avec un kamikaze à son bord, vers l'aéroport de la ville. Une dizaine de djihadistes ont aussi été tués pendant cette tentative d'intrusion. Le 22 mars, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012, avait revendiqué l'attentat kamikaze. Au plan politique, le processus de sortie de crise avance petitement avec la nomination samedi du président et des deux vice-présidents de la «Commission dialogue et réconciliation» (CDR), en attendant la désignation des 30 autres «commissaires » devant composer cette structure créée début mars. Ces nominations ont été saluées hier par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui doit se rendre à Bamako le 5 avril. La CDR a notamment pour mission de «rechercher, par le dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés» de ce pays plongé dans une crise politico-militaire depuis les premières attaques rebelles, en janvier 2012.