Nids-de-poule, trottoirs défoncés, murs de soutènement dont la hauteur ne suffit pas pour empêcher des éboulements de terrain sur la voie publique, chaussées gorgées d'eau après rupture de canalisations,... et pour faire autant « méchant » que triste, le tableau est « garni » de regards d'égouts endommagés, en certains endroits carrément béats. Faux regards, mais vrais pièges pour ceux qui ont le regard ailleurs. Les victimes dans les rues de Béjaïa sont nombreuses. Entorses, fractures, lésions... causant des incapacités de travail sont fréquentes, apprend-on du côté des urgences à l'hôpital Khellil Amrane. Un citoyen s'est retrouvé par terre après une voltige causée par une ferraille qui « poussait » d'un regard jouxtant le monument des 13 Martyrs à Dar Nacer. Résultat : genou blessé et un plâtre posé pour dix jours. Les exemples similaires foisonnent A Sidi Ahmed, le jeune Nabil s'est retrouvé aspiré par l'abîme jusqu'à la ceinture. Par chance, il s'en est sorti indemne, les deux jambes prises dans la vase. A Taghzout, Brahim, son petit poupon de deux ans dans les bras, a connu le même sort. « Les anges protégeant son bébé l'ont divinement soustrait au traumatisme », dira-t-il. Ahmed n'a pas eu la même chance. Attendant tranquillement l'appel du muezzin, en se prélassant sur la pelouse faisant face à la mosquée (maintenant désaffectée) de Sidi Ahmed, notre malheureux bonhomme ne se douta pas qu'au premier pas, il ne fera pas sa prière mais se retrouvera plutôt au service des urgences à Aâmriw. Un regard, démuni de dallage de fermeture, l'y envoya. Résultat : fracture du pied droit, incapacité de travail de six mois et des séquelles au bout. Tragicomique, cette autre scène de ce monsieur qui ouvre la portière de sa voiture et descend, au sens vrai du terme, dans un regard, jusqu'au ... cou. Fracture de la mâchoire. On peut encore citer bien des cas analogues. Pour l'anecdote, un infirmier de garde devant prendre son tour aux urgences à l'hôpital Khellil Amrane y arrivera sur une chaise roulante du service. Voilà la face visible du résultat d'un entretien qui est à repenser. Les conséquences implicites se comptabilisent, elles, en soins et arrêts de travail pour incapacité. Pour cet aspect-là, les employeurs et le contrôle médical de la CNAS connaissent de manière plus chiffrée les retombées sur le travail pour les uns et indemnisations pour les autres. Il y a donc urgence en la matière à moins qu'il ne fasse « un regard qui tue » pour qu'on bouge.