Accusé depuis quatre mois, le ministre français du Budget a fini par reconnaître qu'il avait un compte bancaire caché en Suisse. Un aveu qui a déclenché une salve de critiques contre le gouvernement de François Hollande et qui confirme une information du site internet français Médiapart. La tension n'est pas retombée au lendemain de l'intervention de François Hollande à travers laquelle il a promis la mise en place de nouvelles mesures pour lutter contre la corruption et la fraude fiscale des hommes politiques. Le président français avait déclaré que ce qu'a fait Jérôme Cahuzac constitue un «outrage à la République». Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, l'ambiance était, mercredi, des plus lourdes. Raillant la «République irréprochable de Hollande», Jean-François Copé, président du parti de l'opposition, l'Union pour la majorité populaire (UMP), a appelé le président français à changer complètement son gouvernement, son Premier ministre et ses ministres. «La seule issue possible, la seule, est qu'un remaniement gouvernemental de grande envergure, Premier ministre y compris, permette de redonner un peu de sérénité à notre pays», a-t-il déclaré. L'extrême droite impliquée Marine Le Pen, présidente du Front National, a exigé la «dissolution de l'Assemblée nationale» et l'organisation de nouvelles élections législatives». Elle a accusé François Hollande et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, d'avoir été informés de l'affaire Cahuzac depuis longtemps et de n'avoir rien fait pour limiter les dégâts. «Plus que cela, même l'ancien président Nicolas Sarkozy était aussi au courant depuis des années. Or, cela ne l'a pas empêché de nommer Cahuzac à la tête de la commission des finances de l'Assemblée nationale», affirme-t-elle. L'ardeur de Marine Le Pen a été quelque peu refroidie mercredi soir. Selon le journal le Monde, un de ses proches, l'ancien avocat Philippe Péninque, lié au mouvement étudiant extrémiste GUD avait aidé Jérôme Cahuzac à ouvrir son compte à la banque suisse UBS en 1992. Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon, candidat du front de gauche à la dernière élection présidentielle de 2012, a fustigé la position et le silence de François Hollande, avant de s'en prendre directement et avec des mots violents à Jérôme Cahuzac lui-même. «Comment un tel menteur a-t-il pu rester aussi longtemps à cette place ?», a-t-il écrit sur son compte Twitter. S'adressant aux travailleurs, il a ajouté : «Ce pourri avait un compte quand il vous demandait de faire des efforts.» Questions Pris entre les feux nourris de l'opposition et les interrogations de la presse, François Hollande est embarrassé. A ceux qui lui reprochent de ne pas avoir pris les mesures nécessaires bien avant, il a rétorqué qu'il n'était pas du tout au courant de cette affaire. Idem aussi pour son chef du gouvernement et les membres du gouvernement qui s'estiment avoir été trompés et floués par l'attitude de leur désormais ancien collègue. Tout en saluant l'indépendance de la justice, «devenue chose concrète sous l'ère Hollande», les médias français, à leur tête Médiapart, à l'origine du scandale, se sont tous interrogés sur la raison pour laquelle ni Hollande ni son Premier ministre et encore moins le ministre de l'Economie n'ont diligenté une enquête interne le jour même où Médiapart avait publié les premiers éléments concernant le compte bancaire de Jérôme Cahuzac. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a été accusé d'avoir cherché à étouffer le scandale Cahuzac. Ce dernier, selon Anne Parmentier, rédactrice en chef de la Feuille, un hebdomadaire satirique qui paraît dans la région du Lot-et-Garonne, où Cahuzac est élu député, traverse une mauvaise passe. C'est la seule journaliste qui a pu s'entretenir avec lui ces derniers jours. Elle décrit un homme «complètement effondré». «Ce n'est pas le même homme qu'on avait au bout du fil, a-t-elle raconté sur France 3 Aquitaine. Il est vraiment très mal et était muré dans une telle solitude qu'il n'a pas pu s'exprimer. Il m'a énormément parlé de ce pardon qu'il demandait effectivement à tous ses proches pour leur avoir menti. Il m'a dit qu'il était bloqué dans cette situation et qu'il n'a pas pu parler ni à ses proches, ni à ses amis, ni à ses enfants.»