Scandale - L'ancien ministre du Budget, qui a été entendu, hier, par deux juges, a avoué avoir menti pendant des mois. Il a reconnu détenir un compte bancaire à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Il a précisé avoir ordonné que les 600.000 euros actuellement sur ce compte soient rapatriés sur son compte à Paris. Avec ces terribles aveux qui ont provoqué un véritable seïsme politique, le président Français François Hollande et son Premier ministre étaient ce matin au coeur d'une violente crise politique en France au lendemain des mensonges avoués par leur ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, inculpé de fraude fiscale. Pressé par l'opposition de s'expliquer, le chef de l'Etat devait prendre la parole à l'issue du conseil des ministres hebdomadaire avant de partir pour une visite officielle au Maroc. Jérôme Cahuzac, chargé au sein du gouvernement de lutter contre la fraude fiscale, a menti devant tout le monde pendant plus de trois mois en niant qu'il détenait un compte à l'étranger, comme l'affirmait dès le 4 décembre le site d'information Médiapart. L'ancien ministre, qui a démissionné le 19 mars après l'ouverture d'une information judiciaire, a nié «les yeux dans les yeux» face à François Hollande comme lors de tête-à-tête avec plusieurs ministres, ont affirmé plusieurs d'entre eux et l'entourage du président. L'ensemble de l'exécutif s'est déclaré «trahi» par Jérôme Cahuzac. «Cahuzac s'est exclu de fait du Parti socialiste, il n'en sera plus membre», a annoncé mercredi le responsable de ce parti au pouvoir, Harlem Désir, alors que l'ex-ministre, 60 ans, pouvait, selon le droit constitutionnel, redevenir député dans trois semaines. Cette ligne de défense n'a cependant pas convaincu jusqu'à présent ni l'opposition de droite de l'UMP, ni même une partie de la gauche. «Qui peut croire aujourd'hui que François Hollande et (le Premier ministre) Jean-Marc Ayrault n'étaient au courant de rien ?», a proclamé le président de l'UMP Jean-François Copé, en sommant le président de s'expliquer «beaucoup plus profondément devant les Français». «Evidemment que François Hollande savait», a déclaré péremptoire le vice-président du Front national (extrême droite), Florian Philippot, dont le parti a dénoncé «une affaire d'Etat». L'affaire Cahuzac éclate alors que le président Hollande, après seulement dix mois de mandat, doit faire face à des difficultés multiples: chômage en hausse, report des objectifs de réduction des déficits, impopularité. Par ailleurs, François Hollande et Jean-Marc Ayrault n'étaient «pas au courant, bien entendu», a déclaré la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, à la radio privée Europe 1. Le numéro deux du gouvernement, Laurent Fabius, a lui aussi assuré que l'exécutif n'était pas au courant de ce que cachait Jérôme Cahuzac. «S'il l'avait su, immédiatement Cahuzac aurait été viré», a déclaré à la chaîne BFM-TV le ministre des Affaires étrangères. «C'est dévastateur pour la vie civile, la vie publique», a-t-il poursuivi, se montrant embarrassé pour suggérer ce qui pourrait être fait pour prévenir à l'avenir tout mensonge similaire. «Cela met le doute sur tout le monde», a reconnu Laurent Fabius, tout en appelant l'opposition de droite à ne pas en rajouter.