Un charnier, contenant pour l'heure les dépouilles de 22 personnes des deux sexes et de différents âges, a été découvert dans la ferme Djayou (nom d'un colon) jouxtant Oued d'El Yachir, chef-lieu de commune situé à 15 km à l'ouest de Bordj Bou Arréridj. Selon Samir Benameur, un élu de la commune, les ossements de deux squelettes ont été trouvés, le 6 mars dernier, par un enginiste d'un chantier. Alertés, les gestionnaires de la commune ont fait appel aux services de sécurité, notamment les éléments de la police scientifique de la brigade de gendarmerie d'El Yachir, pour expertise. D'après notre interlocuteur rencontré hier, la poursuite des recherches a permis de découvrir 12 autres sépultures. Huit autres squelettes ont été retirés le lendemain. Enfant de chahid, l'élu est catégorique : «Ce charnier est l'une des nombreuses fosses communes où sont enfouies des centaines de victimes du 8 Mai 1945. Ces restes de corps humains ne sont ni plus ni moins que les carcasses des victimes des massacres du 8 Mai 1945, car la commune d'El Yachir, qui a donné 47 chahids, n'a, durant la guerre de Libération nationale, enregistré que la disparition des deux martyrs, Benbourahla Belgacem et Benbourahla Saïd. La fouille de la partie nord-ouest qui n'a pas été pour l'heure touchée, contient certainement d'autres ossements.» Ce charnier n'est pas le premier à El Yachir. Une fosse commune a été découverte au village agricole de Lachbour. Lors du terrassement de l'autoroute Est-Ouest, des ossements ont été trouvés par les travailleurs. «Nous devons procéder à l'inhumation de ces corps mais l'agglomération ne dispose toujours pas d'un carré des martyrs», regrette l'élu. Selon les estimations d'un historien français, la municipalité a enterré discrètement plus de 3000 personnes, victimes d'une forte répression de l'armée coloniale et des milices constituées à Bordj Bou Arréridj par Ascencio, Gaggini, Borda, Mangelas et Bertia.