Le comité d'assistance à la localisation, la promotion de l'investissement et la régularisation du foncier (Calpiref) de la wilaya de Tizi-Ouzou ne s'est pas réuni l L'insécurité achève tout espoir de décollage. L'investissement dans la wilaya de Tizi Ouzou a été secoué par de nombreuses zones de turbulences ces 20 dernières années qui ont conduit à la dissolution des entreprises publiques, la compression des effectifs au niveau de celles qui subsistent et la délocalisation des entreprises privées. Mais il n'y a pas que ça. «Tizi Ouzou a enregistré quelque 70 délocalisations d'entreprises durant la dernière décennie», a déclaré le P/APW de Tizi Ouzou, M. Hocine Haroun, qui insiste : «Ce nombre est révélateur d'un processus de désinvestissement effarant, qui se confirme par le recul des recettes de la taxe sur les activités professionnelles et le taux de chômage (25,60% officiellement, ndlr)». Avant de pointer du doigt la bureaucratie de l'administration locale, il ajoute : «Les opérateurs économiques et les porteurs de projets s'accordent à considérer que le coefficient de blocage administratif dans notre wilaya dépasse celui des autres wilayas du pays». Sur une vingtaine d'entreprises publiques à travers la wilaya, il n'en reste que 6 grandes entreprises dans le secteur public et 23 PME (petite et moyenne entreprise) qui emploient 6 743 travailleurs, sur une population estimée à 1.119.646 habitants. Même si le nombre des entités économiques privées est en nette progression (23 080), celles-ci activent plutôt dans les domaines des services, du transport et du commerce. Les taux d'occupation des postes est dominé par l'administration (36%), 35 % pour le commerce, le transport et les services, 11% dans le bâtiment alors que le secteur productif comme l'agriculture et l'industrie enregistrent, respectivement 5 % et 12%, donc, moins créateurs d'emplois et de richesses. Des situations d'instabilité sous forme de crises politiques et sociales ont été l'un des facteurs de la paupérisation du tissu économique. Le Calpiref en veilleuse À ce propos, les opérateurs, représentés par le président de la Chambre de commerce de Tizi Ouzou, M. Medjkouh, avaient plaidé pour «un plan de développement spécifique, incluant des solutions à l'insécurité» pour attirer les investisseurs, les inciter à rester. Le comité d'assistance à la localisation, la promotion de l'investissement et la régularisation du foncier (Calpiref) de la wilaya de Tizi-Ouzou ne s'est pas réuni depuis un an, voire plus, selon les élus à l'APW. Du bilan de ce comité ressort un taux de 39 % des dossiers d'investissement examinés sur 245 déposés en 2012. Le Calpiref a reçu, au 31 décembre 2012, 245 dossiers d'investissement, dont 96 dossiers ont été examinés. Sur ce nombre, 29 dossiers ont été validés, mais les porteurs de projets se débattent toujours au niveau des banques et des gestionnaires du foncier industriel pour installer leurs affaires. Par ailleurs, la situation à travers les zones industrielles et les zones d'activité laisse à désirer. L'assainissement de la situation juridique du foncier industriel: sur 55 lots, créés au niveau de la wilaya, 17 seulement ont été régularisés. La direction de la conservation foncière qui gère 25 zones d'activité, a régularisé 485 lots sur les 1723 créés. Exemple, la zone d'activité de Tigzirt compte 103 lots, la Calpiref a affecté favorablement 55 lots, mais 6 seulement ont été bâtis. A Tadmaït, 50 lots ont été affectés par le Calpiref, mais 8 seulement sont bâtis et actés. L'aménagement des zones industrielles et zones d'activités accuse un retard considérable, notamment à cause des litiges sur la nature juridique des lots, lourdeur dans le traitement administratif des dossiers et aussi la viabilisation des sites. A ce propos, le cas de deux zones d'activité gérées par l'agence foncière de Tizi Ouzou –l'AFW gère 4 zones – est convaincant. Zones d'activité, la jachère La zone d'activité de Tadmaït a bénéficié, dans le cadre de sa réhabilitation et de son développement, d'une autorisation de programme (AP) évaluée à 5,26 millions de dinars. La consistance du programme concerne l'AEP, l'assainissement, l'énergie, la voirie entre autres. 2% seulement du budget ont été consommés alors que l'avancement physique est de 30%. La zone d'activité de Tala Athmane (Tizi Ouzou), dont l'assainissement juridique des lots est en cours, n'a consommé aucun dinar dans la réhabilitation de son site, alors qu'une AP, estimée à plus de 4,76 millions de dinars, lui a été dégagée. D'autres dossiers se débattent dans des conflits litigieux concernant les zones gérées par l'agence foncière de Tizi Ouzou. Une centaine de dossiers reste suspendue à des décisions de justice. Depuis 2012, 10 affaires sont en instance d'expertise et 27 autres sont en cours de procédure. 39 investisseurs et porteurs de projets ont été localisés à travers les différentes zones d'activités gérées par la même agence dont 30 à Tadmaït, 7 à Makouda et 2 à Tigzirt. Mais ces derniers se plaignent toujours du manque d'aménagement des sites et de la sécurité des lieux. Pour l'agence foncière, «Toutes les mesures ont été prises en collaboration avec les Domaines pour rendre réelles et effectives les concessions de terrains qui leur ont été consenties». Des mesures que de nombreux porteurs de projets attendent de voir se réaliser sur le terrain. Les 12 zones d'activités gérées par la SOGI (société de gestion immobilière) attendent quant à elles la fin de la procédure de transfert de ces biens au domaine public, d'après une source proche de la wilaya, et ne seront disponibles qu'après les résolutions du Conseil de participations de l'Etat (CPE). Des porteurs de projets qui n'ont pas connu de répit à cause de l'insécurité qui ronge toujours la région. 71 enlèvements ont concerné, entre 2005 et 2013, des industriels, entrepreneurs et des commerçants. Ainsi, l'impact de l'insécurité et de la bureaucratie a conduit la wilaya à revoir le ratio du nombre d'entreprises par rapport au nombre d'habitants à 6,5 entreprises pour 1000 habitants, soit la moitié de la moyenne nationale qui est de 12,5, alors que la norme internationale est de 70 entreprises par 1000 habitants.