Les habitants du bidonville Ras Bouira, qui se trouve au chef-lieu de la wilaya, crient à l'injustice. Depuis plus d'un demi-siècle, leur situation n'a pas changé. Des familles de réfugiés de la guerre de libération nationale avaient été installées par l'armée coloniale en 1957 dans un centre de regroupement sur une colline appelée Ras Bouira. D'autres personnes ont rejoint ce bidonville lors de la décennie du terrorisme. Une réalité amère qui cache le visage moderne de la ville de Bouira. Dans ce bidonville, non raccordé au réseau du gaz naturel et où manque des voies d'accès et de communication, des habitations menacent ruine, en plus de l'absence de centre de santé. «Ce quartier n'a bénéficié d'aucun aménagement, on est livré à nous-mêmes», déplorent les habitants. En période hivernale, l'accès est impossible à cause de la boue et des flaques d'eau. Ajoutons à cela l'insécurité qui règne dans ce hameau. Les agressions sont quotidiennes de jour comme de nuit. Un projet de résorption de l'habitat précaire (RHP) prévu pour ce site, suscite cependant une lueur d'espoir chez les habitants. Le projet a été initié et financé en partie par la Banque mondiale en partenariat avec l'Etat, destiné aux habitants du bidonville Ras Bouira. Sa réalisation a été confiée à l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL) de Bouira. Le nombre de familles recensées était de l'ordre de 411. En 2001, le projet de l'AADL a débouché sur la réalisation de 100 logements au sein même du bidonville. 200 autres logements étaient prévus au lieudit Errich, au nord du chef-lieu de la wilaya. Jusque-là, il en restait plus de 100 familles à reloger. La solution trouvée est de céder à ces familles les lots de terrain sur lesquels sont bâties leurs vieilles maisons afin d'y construire d'autres plus confortables. Après le versement des montants exigés par l'AADL, et à la grande surprise des bénéficiaires, aucun acte de propriété ne leur a été délivré. «On ne peut pas construire nos propres maisons sans avoir un acte de propriété, pourtant on les a achetés avec nos propres moyens. Qu'attend-on de nous les délivrer ?», clame un père de famille habitant du bidonville. «Depuis les années 1950, nous y vivons. Ce bidonville est resté tel qu'il était à cette époque. C'est ici que j'ai vu le jour et mon fils y est né aussi. Nous ne demandons pas de logements, mais des actes de propriété», dira un quadragénaire habitant du bidonville. Les habitants de ce quartier ont saisi à maintes reprises les pouvoirs publics et les autorités locales pour la prise en charge de leurs doléances. Mais le problème est resté sans solution à ce jour.