La maladie puis le séjour de deux jours, la semaine dernière, dans un hôpital de Ramallah en Cisjordanie, semblent avoir reporté son limogeage par le président Mahmoud Abbas. Ghaza De notre correspondant Lui c'est Salam Fayad qui avait été nommé à la tête du gouvernement de l'Autorité palestinienne au lendemain du putsch mené par le mouvement Hamas dans la bande de Ghaza en juin 2007. Actuellement, il est très critiqué au sein du mouvement Fatah. On lui reproche notamment de vouloir s'ingérer dans les affaires du mouvement et d'imposer son hégémonie, alors qu'il n'en fait même pas partie. C'est, dit-on, cette ambition démesurée qui aurait fini par le mettre dans le viseur de Mahmoud Abbas. Certains responsables du Fatah soupçonnent d'ailleurs carrément M. Fayad de nourrir en secret le rêve de remplacer Mahmoud Abbas à la tête de l'Etat palestinien. Lors de sa dernière session tenue à Ramallah, à la fin de la semaine passée, le Conseil révolutionnaire du Fatah, deuxième plus haute instance du mouvement après le comité central, ne s'est ainsi pas empêché de critiquer vertement la politique économique et financière menée depuis près de 6 années par le gouvernement M. Fayad. Pis encore, le Conseil révolutionnaire du Fatah a fait porter la responsabilité de la crise financière dont souffre l'Autorité palestinienne depuis plusieurs mois à Salam Fayad et à son cabinet. «La politique du gouvernement palestinien est empreinte d'improvisation et de confusion sur de nombreux sujets financiers et économiques», a indiqué le Conseil révolutionnaire dans un communiqué rendu public au terme de sa rencontre. Partant de ce constat d'«échec», «le Conseil révolutionnaire a appelé de nouveau à réexaminer le fonctionnement et le programme du gouvernement et refusé les impôts instaurés à l'aveuglette». Dans la foulée, le Fatah a dénoncé aussi le projet du gouvernement M. Fayad de fermer un fonds palestinien établi expressément pour lutter contre la concurrence des produits des colonies israéliennes. Qualités et faiblesses Selon certains observateurs, la démission du ministre palestinien des Finances, Nabil Qassis, et son acceptation par le Premier ministre, Salam Fayad, au début du mois de mars, malgré son rejet par Mahmoud Abbas, a contribué à aggraver le différend qui existait déjà entre les deux responsables. M. Qassis, ancien président de l'université de Bir Zeit en Cisjordanie occupée, entré en mai 2012 dans le nouveau gouvernement formé par Salam Fayad, avait remis sa démission le 2 mars, sans explication officielle, alors que le président Abbas était en voyage à l'étranger. Le président palestinien, Mahmoud Abbas – qui présidait cette session du Conseil révolutionnaire du Fatah – a ainsi exprimé son mécontentement et surtout son désaccord total avec les décisions de Salam Fayad. Il s'est donné un délai de trois jours pour examiner le dossier du gouvernement et décider de son avenir. Une chose est sûre : le non-paiement régulier des salaires et les mesures d'austérité prises par le gouvernement ont fini par porter atteinte à la popularité de Fayad. Ancien haut fonctionnaire du FMI, Salam Fayad jouit en revanche d'une bonne renommée et d'une certaine confiance au niveau des instances internationales. De son côté, le mouvement Fatah, pilier de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), n'a jamais vraiment accepté cet homme qu'il jugeait trop proche de l'Administration américaine. Mais peut-il vraiment se passer des services d'un tel homme ? Eu égard au contexte financier difficile par lequel passe actuellement l'Autorité palestinienne et sa grande dépendance vis-à-vis des dons occidentaux, une telle opération peut s'avérer improductive. Mais ne dit-on pas aussi que la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas ?