Les Nord-Coréens ont véritablement le sens de la fête avec une célébration massive de l'anniversaire de leur leader. Ils auraient aussi le sens de la provocation au point de mettre en alerte la plupart des capitales de la planète. Trois semaines, voire plus, que la menace d'une attaque nucléaire nord-coréenne est brandie contre les Etats-Unis, la Corée du Sud et depuis peu contre le Japon ; ce n'est pas rien dans les relations internationales déjà tendues dans la péninsule coréenne, cela agace plus que ça marque les esprits, puisque, relève-t-on comme pour se donner une quelconque assurance, les menaces nord-coréennes sont devenues récurrentes. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, on refuse de ne pas y croire. Mais en sommant, jeudi dernier, la Corée du Nord de renoncer à son «attitude agressive», tout en relevant que Pyongyang n'était sans doute pas en mesure de lancer un missile nucléaire, contrairement aux indications du renseignement militaire rapportées par un élu américain, Washington donne l'impression de vouloir mettre fin à une espèce de jeu auquel se livre Pyongyang. La Corée du Sud a, elle aussi, émis hier des doutes sur la capacité de son voisin à lancer un missile balistique à tête nucléaire, estimant qu'«il reste douteux que la Corée du Nord ait fabriqué une tête nucléaire suffisamment petite et légère pouvant être montée sur un missile». Où est alors la vérité ? D'autant que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelait «les pays voisins, dont la Chine, qui pourraient avoir une influence sur la Corée du Nord à exercer leur influence pour que cette situation soit résolue pacifiquement.» Habitués à ne prendre et négliger aucun risque, les Etats-Unis «ne pensent pas» que la Corée du Nord soit en capacité de lancer un missile équipé de tête nucléaire, a déclaré un haut responsable américain. Le Pentagone a indiqué, pour sa part, qu'il était «inexact de suggérer que le régime nord-coréen a complètement testé, mis au point ou démontré le type de capacités nucléaires évoquées» par un élu. Plus tôt dans la journée, un représentant républicain du Colorado (Ouest), Doug Lamborn, avait cité un rapport du renseignement militaire américain, la Defense Intelligence Agency (DIA), selon lequel la Corée du Nord disposerait de la capacité de miniaturiser une arme nucléaire et de la monter sur un missile balistique, mais avec une fiabilité qui «sera faible». Depuis février 2012, la Corée du Nord a effectué deux tirs de fusée, considérés par les Occidentaux comme des essais déguisés de missiles balistiques, ainsi qu'un essai nucléaire qui lui a valu un nouveau train de sanctions à l'ONU. Pyongyang a également annoncé le redémarrage de ses activités nucléaires. Mais la majorité des experts pensent que Pyongyang n'est pas au stade de pouvoir miniaturiser des armes nucléaires. Quelle est toutefois la part de certitude, l'essentiel des propos demeurant des hypothèses ? Il a en effet suffi d'une courte déclaration du secrétaire d'Etat américain pour que tout redevienne relatif ou encore possible. Venu hier à Séoul, John Kerry a souligné que le dirigeant nord-coréen commettrait «une énorme erreur» s'il procédait à un tir de missile. Ce qui veut dire que tout est encore possible. Un discours jeudi du secrétaire à la Défense n'exclut pas lui aussi ce risque. Chuck Hagel a souligné que les Etats-Unis sont «prêts à faire face à toute éventualité», des propos tenus, il est vrai, au moment où Pyongyang déployait sur sa côte orientale deux missiles d'une portée théorique de 4000 kilomètres, soit la capacité d'atteindre la Corée du Sud, le Japon et même l'île américaine de Guam. Comme aucune partie ne veut prendre le moindre risque ou fournir une analyse tronquée, le pire n'est toujours pas exclu.