S'étendant sur une longueur de 1 216 km, l'autoroute Est-Ouest dont les travaux débuteront fin mai, début juin au plus tard, constituera incontestablement le chantier routier le plus grand que l'Algérie ait connu. L'attribution du contrat de réalisation est désormais connue : Ce sont le groupement chinois Citic/Crec et le consortium japonais Cojaal qui prendront à leur charge l'exécution de ce mégaprojet. Financée ainsi dans sa totalité par le budget de l'Etat, sans recours aux crédits extérieurs, l'autoroute devrait avoir un impact économique et social des plus importants, du fait que les échanges commerciaux internes se font majoritairement par route à un taux qui atteint actuellement 85% du volume global. Selon l'agence nationale des Autoroutes (ANA), les différentes études de développement et de transports "ont toujours fait ressortir la nécessité économique de disposer progressivement de capacités supplémentaires d'accueil de 40 à 50 000 véhicules par jour entre Annaba et Tlemcen avant l'horizon 2010". Aussi, le ministère en charge du projet affirme que les avantages attendus de cette infrastructure autoroutière sont multiples autant sur le plan économique que social. Outre le fait qu'elle devrait répondre aux besoins nouveaux des usagers de la route, l'autoroute Est-Ouest assurera, sur le plan aménagement du territoire, la desserte de 24 wilayas du pays et contribuera ainsi à "la création de multiples pôles économiques et d'importantes opportunités d'investissement". Son impact sur l'emploi se traduira, assure le ministère des travaux publics, par la création de pas moins de 100 000 postes de travail, sans compter les emplois induits par la création des aires de repos, des stations service, des relais routiers, des centres d'entretien et d'exploitation de l'autoroute et autres structures devant accompagner la réalisation de ce projet. En effet, selon le ministre des travaux publics, Amar Ghoul, le lancement des travaux de l'autoroute nécessitera "la création de plusieurs stations de concassage pour la production d'agrégats, pour les travaux et l'exploitation, de cimenteries là où c'est nécessaire, et des tréfileries pour l'acier à béton ainsi qu'une une raffinerie de bitume". Aussi, il est prévu que l'autoroute Est-Ouest soit reliée à la route transsaharienne et aux principales infrastructures portuaires, notamment le port de transbordement de Djen Djen, ce qui lui conférera le rôle de vecteur pour l'économie de ces régions. Il est attendu également que le projet donne un nouveau souffle aux échanges intermaghrébins, en ce sens que l'autoroute constitue un "un maillon central de l'autoroute transmaghrébine". Au ministère des travaux public, l'on considère que la rentabilité économique et l'impact de cette infrastructure sur le développement du pays confère à ce projet un caractère stratégique et urgent. C'est la raison pour laquelle un délai de 40 mois a été fixé aux entreprises concernées par sa réalisation. Sera-t-elle livrée à temps, c'est-à-dire, fin 2009 comme le souhaite le ministère ? En tout état de cause, le choix porté sur les chinois et les japonais semble répondre beaucoup plus à cette exigence, d'autant que les groupements retenus sont connus pour leur respect des délais mais aussi pour les coûts les moins chers par rapport à ceux proposés par le reste des entreprises étrangères ayant répondu à l'appel d'offre du ministère. Il convient de rappeler à ce propos que l'ouverture des plis des offres financières le 28 mars dernier avait placé es Japonais de Cojaal en tête de liste grâce à leur proposition la moins coûteuse de 123 milliards de dinars (pour le tronçon Est de 399 km entre Bordj Bou Arréridj et la frontière tunisienne) alors que les Américains de Bechtel avaient proposé 199 milliards de dinars et le groupement Italia 226 milliards de dinars. Les Chinois du groupement CITIC/CRCC ont remporté, quant à eux, le tronçon centre et ouest grâce à leur proposition la moins coûteuse respectivement de 192 milliards de dinars et 258 milliards de dinars. L. M.